Kate Barry nous immisce dans son propre espace au Quai de la Photo

undefined 12 janvier 2024 undefined 11h05

Lucie Guerra

À la nuit tombée, les photographies lumineuses se reflètent dans les murs intégralement vitrés du rez-de-chaussée du Quai de la Photo. On y aperçoit des clichés de Jane Birkin et de Charlotte Gainsbourg, sa mère et sa sœur, ou encore celui, mythique, représentant deux jambes habillées de bas résilles, un pied étant chaussé et l’autre non. 

Mode (pour Cosmopolitan) 2000 ©Kate Barry

Il faut descendre au sous-sol de ce lieu éclectique et atteindre le même niveau que les mouvements de la Seine pour découvrir la suite de l’exposition, elle aussi éclectique. Depuis le 15 décembre et jusqu’au 20 mars prochains, à l’occasion des dix ans de sa disparition, la photographe Kate Barry est mise à l’honneur au Quai de la Photo, dans le cadre d’une exposition intime et poétique intitulée My Own Space, sous le commissariat de Sylvain Besson.


Une histoire de portraits

Les visages défilent et s’enchaînent. Elsa Zylberstein, Helena Bonham Carter, Ludivine Sagner, Monica Bellucci, Vanessa Paradis… Les plus grands noms du monde artistique sont passés devant l’objectif de Kate Barry. Des commandes de la part des plus grands magazines de mode lui étaient d'ailleurs régulièrement passées. En résultent des clichés en noir et blanc qui dépassent le simple portrait pour capturer ce regard, cette pose, cette partie du visage qui fait l’unicité de la photo. Dans cette exposition dont la première partie se déroule du 15 décembre au 5 février et la seconde du 7 février au 20 mars, seuls deux hommes voient leurs portraits s’immiscer parmi ceux des femmes : Melvil Poupaud et Benjamin Biolay.

Laetitia Casta (pour ELLE), 2 octobre 2000 ©Kate Barry

Photographe à partir de 1996, Kate Barry a à son arc un nombre de cordes que l’on ne saurait même plus compter. Et jusqu’à sa disparition en 2013, à l’âge de 46 ans, elle sera cette photographe à la dualité flagrante : discrète, tout en étant celle que le monde s’arrache. Capable de capturer la singularité d’un visage, comme de trouver cet angle unique pour photographier un paysage.


De la mode à la nature
 

C’est à partir de 2002 que Kate Barry découvre ce nouveau modèle qu’elle ne quittera plus : le paysage. Nouvel espace de liberté, nouvel espace de création, la nature s’inscrit comme une toile blanche où toute l’histoire est à écrire. Ses lieux de prédilection ? Les endroits déserts, loin de tout, abandonnés.


Paysage 2002-2008 @Kate Barry

Dans la deuxième partie de la salle d’exposition, ce sont donc ces horizons infinis et colorés qui sont exposés. Chaque cliché joue avec la profondeur de champ et semble divisé en trois, avec un premier plan, un plan intermédiaire et un arrière-plan qui, chacun, apportent du sens à l'image. Dans ces paysages, on aimerait se promener et se perdre.

Aucune photo ne ressemble à une autre, tout le but étant de « montrer la diversité de son œuvre », précise Sylvain Besson, dont l'ouvrage récemment paru aux Éditions de La Martinière a donné son nom à l'exposition. Aussi captivants que bouleversants, ces clichés ne laissent pas de marbre celleux qui s'y plongent. Il nous tarde désormais de découvrir la prochaine série, dès le 7 février prochain.  


My Own Space
, Kate Barry

Quai de la Photo
9, port de la Gare – 13e
Du mercredi au dimanche de midi à minuit
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