Black Legends, un hommage grandiose à la musique afro-américaine

undefined 10 décembre 2023 undefined 17h40

Lucie Guerra

Le public s’est levé, a dansé, a chanté. Jamais n’avait-on vu une telle communion entre les spectateurs et les artistes. Depuis le 5 octobre et jusqu’au 28 janvier 2024, le spectacle musical Black Legends fait son retour sur les planches du Théâtre 13ème Art, après avoir conquis Bobino. À travers ses 37 tableaux rythmés par les plus grands titres de la soul, du disco, du funk ou encore du R&B, le show nous fait traverser les décennies pour nous replonger au cœur de l’histoire afro-américaine. Et on a été complètement séduit·es.


Un voyage musical à travers le temps et les frontières

Exit le Paris de 2023. Lorsque le rideau s’ouvre, nous voilà transporté·e·s dans le sud des États-Unis à la fin du XIXe siècle. Sur scène, des esclaves enchainés défilent, la capsule temporelle est enclenchée. En un claquement de doigts, les années passent. Nous voilà désormais au Cotton Club, célèbre club de jazz des années 20, où la brillante Billie Holiday dénonce le racisme qui gangrène le pays avec son titre "Strange Fruit".

Le temps défile encore, les tableaux s’enchainent avec une rapidité presque déconcertante, et les chansons deviennent si familières que l’on ne peut s’empêcher de murmurer les paroles du bout des lèvres. De Rosa Parks à l'élection de Barack Obama, en passant par la lutte pour les droits civiques menée par Martin Luther King et Malcom X, pas une seule période de l'histoire n'est laissée de côté.

En arrière-plan, une grande structure métallique accueillant les musiciens qui performent en live, sert d’unique décor. En réalité, il n’y guère besoin de plus. Par la puissance de leur voix et la précision de leurs mouvements, les chanteurs et danseurs remplissent l’espace. L’ajout du moindre objet aurait été superflu. Les changements de costumes ont une importance capitale : des robes dos nu et évasées des années 50, aux tenues larges et colorées des années 70, il n’y a qu’un pas et quelques chansons.


Entre communion et acclamations

Si au départ le public se déhanche timidement sur son siège au rythme entrainant de Hit the Road Jack, interprété par le merveilleux Barry Johnson, tout est en réalité pensé pour faire monter l’énergie crescendo. Et une fois que retentissent les premières notes des chansons mythiques des Jackson Five, c’est comme si le spectacle avait atteint son apogée. Impossible de tenir en place : une personne se lève, rapidement suivie de toute la salle. On danse, on se laisse emporter par la musique, on chante avec son voisin, on rigole avec la personne du rang de devant… On pourrait presque croire qu’une dimension spirituelle s’empare du théâtre tant l’énergie est partagée.

Plus personne ne se rassoit et ce sont d’incroyables cris de joies qui surgissent quand les comédiens viennent au plus proche du public pour interpréter un ultime Ain’t no Mountain High Enough, après de multiples ovations. 1h30 pour raconter plus d’un siècle d’histoire. Un voyage rapide et terriblement exaltant. On en sort à la fois conquis et bouleversé·e tant ce moment de communion musicale était puissant. Alors sur le chemin du retour, on ne peut s’en empêcher : on lance Think d’Aretha Franklin dans nos écouteurs, afin de prolonger encore un peu cette soirée et de perpétuer ces légendes.


Black Legends

Théâtre 13e Art
Avenue d'Italie - 13e
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