On a collé une oeuvre de street-art avec encoreunestp

undefined 4 septembre 2011 undefined 00h00

Tiana Rafali-Clausse

Qui n’a jamais fait de selfie ? Surtout en 2017, sachant que nos smartphones sont une extension de nos bras et que les miroirs envahissent nos appartements, hall d’immeuble, bureau et… rues. Depuis 2013, de drôles d’oeuvres sont apparues sur les murs de Paris : des « insta’mirrors » signés du mystérieux encoreunestp. Comme des miroirs instagram collés de manière à priori aléatoire c’est quand même assez intriguant, on a décidé d'enquêter et on est remonté jusqu'à la source. De la confection dans l’atelier de l’artiste à la pose de l’oeuvre de l’autre côté de la Seine en passant par une conversation mystique sur son chat, on vous raconte cette journée dans la peau d'un street-artiste parisien.

Une station de l'Est parisien. Après un ride de 20 minutes en vélo on débarque dans notre cher 11e pour grimper dans l'atelier de l'artiste qui se cache derrière le pseudo « encoreunestp ». Des miroirs posés ça et là dans le grand salon familial, pas mal d’autres oeuvres aussi mais on n’a pas le droit d’en parler alors on ne le fera pas…

En revanche, on sait ce qui a motivé ce trentenaire a pousser les touristes et parisiens à se regarder droit dans le smartphone. « Tout le monde est accro aux réseaux sociaux. Y’a qu’à descendre dans la rue, les gens sont rivés sur leurs écrans ». Faux ? Hum, à d’autres !


Quand ils ne sont pas devant ils sont derrière, à se prendre en selfie. Grâce (ou à cause, à vous de voir) Barack Obama et son fameux #selfie, ce hashtag est monté en flèche en 2013, date à laquelle ont commencé à apparaitre ces insta’mirors. « En voyant l’ascension du selfie je me suis demandé ce que je pourrais faire avec ça ». D’ailleurs le premier miroir a avoir vu la lumière du jour il y a 4 ans et c'est le seul qui n’a pas encore été enlevé. Et pour cause, il l’a collé aux abords de la maison de ventes Christies’s dans le 8e. Sans surprise, le premier like est celui d’Obama. Sans doute lui a t-il porté chance ..?

L'art de social-géolocalisation


Ses premiers « j’aime » ne sont pas là par hasard : le miroir de Pigalle est liké par Jacquie & Michel, celui du Marais par Jennifer Lopez, devant le Carreau du Temple c’est Jon Snow, sans oublier l’oeuvre devant Beaubourg, aimé par Andy Warhol.

Aucun d’eux n’est posé au hasard mais en fonction de la social-géolocalisation du quartier. Il explique : « Ce qui m’intéresse c’est d’interpeller les gens puis de faire une sorte de data sur les habitants ou visiteurs de tel ou tel quartier avec le like et l’emplacement. De déterminer ce que va aimer le public en fonction de tout ça ». Attention, encoreunestp is watching you…

Ah! Je pense que Sylvie et Fred sont fans de Radiohead!! #commande #sizeM #encoreunestp #virtuozmindedreflection

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« Voilà le numéro à appeler s'il m'arrive quelque chose »

Après ces drôles d'explications, on file direction rive gauche pour poser le miroir, à côté de la Sorbonne Censier : Mark Zuckerberg est le premier a liker. Tous les trois, nous avons une montée d’adrénaline en repérant le lieu du crime. « S’il m’arrive quelque chose, téléphone à ce numéro pour qu’il récupère mes kids, il est au courant ». Dernière recommandation avant le grand saut.


Quelques secondes et c'est collé. Le petit recoin qui accueille cette nouvelle oeuvre de street-art va bientôt être envahi par les petits génies des campus en mal de selfie. Pour nous alors il faut déguerpir fissa. On fait gaffe à la police, mais pour cette première fois ils n'y seront pas. Sans doute dû au voeu que l'artiste a fait en retournant la clope du paquet qu’il a ouvert avant de commettre son délit arty. Ou au talent…