YouTube veut sanctionner Léo Grasset et Norman Thavaud, accusés de viols

undefined 8 décembre 2022 undefined 12h16

Auriane Camus

Lundi 5 décembre, Norman Thavaud a été arrêté et placé en garde à vue pour viols et corruption de mineurs. Le youtubeur superstar aurait violé au moins cinq jeunes femmes, dont deux étaient mineures au moment des faits, et aurait pu exercer une emprise psychologique sur au moins une trentaine d’autres. Une histoire qui fait malheureusement écho à l’affaire Léo Grasset, youtubeur et vulgarisateur scientifique accusé de viol et de harcèlement sexuel il y a quelques semaines et visé par une enquête pour viol depuis le 29 novembre.

Mais que fait YouTube à ce sujet ? En 2018, Norman Thavaud avait déjà été dénoncé pour ses agissements via le hashtag #BalanceTonYoutubeur. Les témoignages étaient néanmoins passés à la trappe, et le youtubeur aux 12 millions d’abonnés avait continué ses vidéos, en toute impunité. La plateforme qui héberge leurs vidéos a néanmoins choisi de réagir cette fois. Face aux récentes révélations, YouTube envisage des sanctions envers les vidéastes accusés de viols, comme la démonétisation des vidéos.


Une enquête en interne lancée à propos de Norman Thavaux et Léo Grasset

Selon BFM TV, YouTube réfléchit à des sanctions à prendre : « Pour des comportements en dehors de notre plateforme, nous conseillons fortement aux victimes de se manifester auprès des autorités policières ou judiciaires compétentes. (...) Si nous constatons que le comportement d’un créateur, sur YouTube ou en dehors, nuit à nos utilisateurs, à notre communauté, à nos employés ou à notre écosystème, nous prenons alors des mesures supplémentaires pour les protéger. », a déclaré un porte-parole de la plateforme dans un communiqué.

Des enquêtes en interne ont été lancées par YouTube afin de déterminer les suites à donner aux comptes de "Norman fait des vidéos" et de Léo Grasset, ainsi qu’à leurs contenus.


Des règles de YouTube déjà en place

Les règles de YouTube sont claires à ce sujet : si la vie privée des créateurs de contenu leur appartient, leur comportement en dehors d’Internet a tout de même un impact sur leur vie en ligne. Ainsi, les youtubeurs ne doivent pas avoir « l’intention malveillante de causer un préjudice à autrui » ni participer « à des actes abusifs, violents ou cruels, à des activités frauduleuses/trompeuses entraînant des dommages réels ».

Dans le cas contraire, la plateforme se réserve le droit de démonétiser les vidéos des personnes en cause, voire même de faire disparaître leurs vidéos des recommandations, afin de réduire leur visibilité. Si les vidéastes peuvent ainsi continuer à poster sur YouTube, ils ne toucheraient en revanche plus de revenus. Ce fut notamment le cas du youtubeur Marvel Fitness, condamné en appel pour harcèlement en 2021. Ces sanctions restent néanmoins à la discrétion de la plateforme puisqu’il n’y a pas de critère précis.


Des mesures un peu tardives ? 

Sur les réseaux sociaux, de nombreux créateurs de contenus s’indignent du temps qu’il a fallu pour que Norman Thavaud soit enfin sanctionné. Comme certains le rappellent, Maggie Desmarais, la jeune Québécoise à l’origine des accusations contre Norman Thavaud, avait déjà raconté son histoire en 2020 sur Instagram puis au média Urbania, mais la communauté YouTube s’était murée dans le silence à ce sujet.

De son côté, l’entreprise Webedia, qui avait racheté en 2016 la régie publicitaire partagée par Norman, Squeezie et Cyprien, a annoncé dans un tweet la suspension de toutes ses collaborations avec Norman Thavaud dès l’annonce de sa garde à vue.

En tous cas, l’affaire ne s’arrange pas pour Norman Thavaud. Mardi 6 décembre 2022, le youtubeur Le Roi des Rats a mis en ligne une vidéo de 40 minutes dans laquelle il recueille les témoignages de six jeunes femmes qui ont porté plainte contre le vidéaste, captures d’écran à l’appui. Du côté de Léo Grasset, ce n’est pas mieux, puisqu’une enquête Mediapart publiée le 29 novembre dernier a révélé de nouvelles accusations de viol sur une étudiante en journalisme. Quelques jours avant, le youtubeur était sorti de son silence dans une vidéo postée sur sa chaîne. Léo Grasset conteste tous les faits qui lui sont reprochés et précise qu’il souhaite « laisser la justice faire son travail ».