3 étages, 1500 artistes pour le premier musée dédié au graffiti de Paris

undefined 8 juin 2018 undefined 15h48

Tiana Rafali-Clausse

« Ceci n’est pas une secte, mais vous découvrirez ici que le monde du graffiti est vraiment une communauté à part. Nous vivons avec vous mais en marge de votre système, avec nos codes, nos rites, nos croyances. » Voilà comment Greg aka Arek présente l’univers qui le passionne depuis 26 ans.


Au détour d’une promenade, je suis allée chercher un peu de fraîcheur dans le joli passage Ponceau. C’est au numéro 20 que j’ai rencontré Greg, drôle d’oiseau posté devant une vitrine dorée, noire et blanche sur laquelle est inscrit "Musée du Graffiti". Plutôt prometteur.

Comme tout passionné qui se respecte, cet archéologue de l'art de rue de 36 ans n’a pas hésité une seule seconde à me faire découvrir sa riche collection de graffitis et me dire tout ce qu’il sait sur le sujet (c'est-à-dire beaucoup, vraiment beaucoup).

3 étages, 1 500 artistes du monde entier et plus d’une centaine d’œuvres réunies sous la verrière du passage, glanées dans la rue surtout mais aussi dans les maisons de vente au fil des ans par Greg : Nasty, John One, Mesnager, Taki, O Clock... Pour réussir à ouvrir ce musée, il a d’ailleurs dû se séparer d’un Keith Haring, acquis pendant ses heures de gloire…

« Je suis tombé dedans quand j’étais petit. J’ai commencé ma collection à 10 ans, dans le 92 là où j’ai grandi. Je suis ensuite devenu moi-même graffeur. » Designer de formation, il réadapte le mobilier urbain ou non, tague sur des œuvres connues ou reconnues, quitte à être taxé de voleur d'art, mais surtout, Greg transmet.

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« L’idée du musée est de faire en sorte que mon appart' n’en soit plus un déjà (rires). Plus sérieusement, je veux juste partager avec ceux qui le veulent ce qu’est le mouvement du graffiti au-delà du "cool" : son histoire, son évolution, ses revendications premières, en prenant le temps. Pendant 15 min, par exemple, on s’installe sur le canap' au 3e étage et je fais le parallèle entre Internet, réseaux sociaux etc et le graffiti. J’échange avec les visiteurs, j’apprends en même temps qu’eux. »

Le trentenaire a autant d’anecdotes que d’œuvres. Pas rigide pour un sou, il adapte sa visite en fonction de la personnalité des gens qui viennent écouter son savoir accumulé pendant des années de recherches. Plus que les œuvres en tant que telles, ce sont les idées du mouvement que Greg veut mettre en avant.

Aux médisants qui clament que le collectionneur vole et se fait de l’argent sur le dos des artistes, il répond tout de go que « ce n'est pas à but lucratif mais historique ». Ce qu'on peut dire c'est qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et qu'avant de se faire une idée définitive le mieux est encore d'y aller.

Ah, avant de quitter le musée, Greg demande si on peut désormais répondre à la question fil rouge de l’expo : le graffiti est-il un art ?

Alors ?


Musée du Graffiti
20, passage Ponceau – 2e
Jusqu'au 16 juillet puis à la rentrée
Du lundi au samedi de 9h à 19h 
Sur rdv