Rencontre avec l’artisan parisien qui ressuscite les vieux transistors de nos grand-parents

undefined 16 novembre 2017 undefined 17h42

Tiana Rafali-Clausse

Comme beaucoup de nos histoires preférées, celle-ci semble complètement folle. Pour en avoir le cœur net, on est allés au delà du périph', on a failli perdre un vélo (les risques du métier) et on a fini par toquer à la porte d’un atelier pas comme les autres : celui de Xavier, à Clichy. Ça sent le bois usé et on y écoute des douces mélodies sur des transistors d’un autre siècle. Surprenant ? Pas tant que ça…


En fouillant bien dans le grenier de nos grands-parents, on peut tous trouver sous un tas de poussière un transistor d’antan. Ses préférences à lui ce sont ceux des 30’s, 40’s et 50’s, avec leur mythique bois vernis, système incroyablement ingénieux pour l’époque et un son crachotant qui constiturait une madeleine de Proust à n’importe quel contemporain de cette période.

D’ailleurs, avant les commandes actuelles de grands magasins, quand Xavier, ancien responsable marketing et digital, a commencé cette formidable aventure il y a deux ans, c’était « simplement pour redonner vie à des objets oubliés », explique-t-il en tournant le bouton de sa dernière création, une magnifique pépite des 50's qui doit s'envoler pour New York.

« On leur donne une deuxième vie tout en gardant la sensation d’époque. Seulement on utilise les techniques modernes. » Après restauration, les radios fonctionnent en bluetooth parfaitement tout en gardant leur aspect d’époque.

« En plus de moderniser l’intérieur de la machine, on chatouille le vernis, change le tissu si besoin, comble les trous éventuels… » En moyenne, lui et ses quatre acolytes (tous artistes et pas simples manuels) passent 1 jour sur chaque transistor, sans compter toute la réflexion en amont pour l’optimisation acoustique, les réglages etc.

« Quand j’ai commencé dans ma chambre, je mettais une semaine voire plus pour retaper complètement une radio. Au fur et à mesure de mes rencontres, j’ai appris à me perfectionner. Maintenant, chaque pièce qui sort de l’atelier est testée et retestée. Je veux vraiment vendre quelque chose dont je suis fier. » Tu peux.

Résultat ? Les dignes héritiers des transistors d’une autre génération ont non seulement de splendides postes de radio vintage modernisés mais aussi des pièces uniques. Imaginez un instant : personne dans le monde ne tourne le même bouton pour apprécier ce dernier morceau. Enfin à priori : « il est arrivé une ou deux fois seulement qu’on trouve deux modèles similaires. Mais dans la grande majorité, il n’existe pas de modèles types donc c’est difficile de retrouver les mêmes, avec les mêmes coups de griffes, les mêmes traces d’usure…». Sans parler des petites surprises trouvées dans le ventre des transistors. Le trentenaire se souvient lorsqu’il a déplié la garantie signée de la main de l’ancien propriétaire, datant de 1934 ! Moins poétique mais drôle à raconter : « quand j’ai découvert une souris momifiée dans une des radios ». C’est sûr que ça change de nos traditionnelles enceintes normées.

Fidèle à cette ligne directrice qu’il veut garder le plus longtemps possible (c’est tout ce qu’on lui souhaite !), Xavier donne les pièces inutiles à des collectionneurs pour qu’ils les réutilisent, « histoire de boucler la boucle ». Ce n’est pas à lui qu’on va apprendre le fameux adage "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme", n’est-ce pas ?


Charlestine
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