L'histoire du Perfecto, un blouson intemporel

undefined 22 avril 2015 undefined 00h00

Simon Kinski Znaty

Le Perfecto fait partie du panthéon des vêtements indémodables. Son histoire commence aux États-Unis et traverse l'Atlantique pour marquer l'Europe de son cuir noir. 

Les frères Irving et Jack Schott fondent la marque en 1913 dans le Lower East Side, mythique quartier de New York où de grands noms de la pègre comme Al Capone, Johnny Torrio ou Lucky Luciano ont débuté. Les frères font partie de l'importante communauté juive d'Europe de l'Est massivement implantée au début du XXe siècle. Spécialisé dans le vêtement de pluie, Schott reçoit une commande de Harley-Davidson en 1928 pour protéger les motards des intempéries. Le Perfecto est fabriqué dans ce but : fermeture à glissière décalée devant doublant l'épaisseur du cuir, pressions permettant de rabattre le col, poignets zippés, une ceinture à la taille, le dos est renforcé et on y trouve même une petite poche sur le côté pour la monnaie du péage. Son nom est un hommage aux cigares cubains préférés d'Irving.

Il devient mythique dans les années 50 après la sortie du film "The Wild One" ("L'équipée sauvage") où Marlon Brando, chef d'une bande de motards, porte le désormais célèbre Perfecto. James Dean consolide la légende avec "Rebel Without a Cause" ("La fureur de vivre"). Très vite, les écoles américaines et anglaises l'interdisent et en font ainsi le symbole absolu de la rébellion auprès des jeunes générations. Néanmoins, la veste est encore rare en Europe.

C'est ici qu'interviennent Joseph et Maurice Jablonski, encore deux frères d'origine ashkénaze dont la société Groupe JaJ avait déjà importé le jeans sur le vieux continent dans les années 50. Ils sont en effet les distributeurs exclusifs de Levi Strauss jusqu'à ce que la marque californienne leur rachète le contrat dans les années 70. Les deux Parisiens flairent le potentiel du blouson dans une société post-1968 et signent en 1972 le contrat d'exclusivité avec les frères Schott.

Le Perfecto n'est plus l'affaire de motards, on le voit partout. Le mouvement punk y participe grandement et le customise souvent avec des badges ou des clous. Renaud associe le coté "loubard" de la veste à la révolte sociale, les Ramones ou les Sex Pistols le portent constamment, il devient intemporel.

30 ans plus tard, le Perfecto a perdu sa portée rebelle. De nombreuses marques l'ont fashionisé et popularisé comme Zadig et Voltaire, Gerard Darel ou encore The Kooples. Le blouson a changé de main mais sa légende perdure tant son histoire est liée de près à celle du siècle précédent.

On vous parlais aussi de l'histoire folle du bikini ici