Un oiseau préhistorique que l'on croyait éteint réintroduit en Nouvelle-Zélande

undefined 6 septembre 2023 undefined 15h39

Nicolas Cogoni

En Nouvelle-Zélande, le retour des populations sauvages de Takahē dans leur milieu naturel marque une très belle victoire pour les populations locales indigènes et les défenseurs de l’environnement néo-zélandais. Il s'agit d'une espèce d'oiseaux endémiques au plumage bleu turquoise et aux pattes et bec rouge vif, qui avait été déclarée éteinte au XIXe siècle, avant que l'on ne découvre finalement un petit nombre d'individus en 1948 dans les montagnes Murchison, situées sur l'île du sud. La présence de ce volatile si particulier, qui ne sait pas voler, remonte pourtant à l’ère préhistorique du Pléistocène, selon les derniers fossiles découverts. Aujourd'hui, leur population atteint le nombre encore faible, mais prometteur, de 500 spécimens, déclare The Guardian.


Un oiseau victime de l'époque coloniale 

Cette espèce endémique du pays a été dévastée par la chasse, la réduction de son habitat, mais aussi et surtout par l’introduction de prédateurs par des colons européens au XIIIe siècle : rats, chats, furets, opossums... De redoutables prédateurs qui, pour survivre, se sont régalés des volatiles. En effet, n’ayant jusqu’alors aucun prédateur terrestre, ces oiseaux d'environ 50 cm pour 3 kg, nichés au sol, sont devenus des proies faciles pour ces mammifères. Depuis leur redécouverte sur l'île du sud, de gros efforts de conservation et de préservation de l'espèce ont été entrepris, permettant un boom de la population de Takahē de +8% par an en moyenne. 

Pour arriver à de tels résultats, des défenseurs de l’environnement néo-zélandais ont rassemblé leurs œufs et les ont incubés artificiellement afin de les protéger des prédateurs. Les poussins, nourris et élevés en captivité, ont ensuite été progressivement introduits dans des sanctuaires et parcs nationaux par le Département de la Conservation (DOC). Plusieurs individus ont ainsi été relâchés. Il y a quelques semaines, 9 couples en âge de se reproduire ont été libérés dans les montagnes de l'île du sud. Ils ont été placés à Greenstone Station dans la zone du lac Whakatipu, tandis que les deux autres populations sauvages réintroduites en 2018 se trouvent dans les montagnes Murchison du Fiordland et dans le parc national de Kahurangi.

© AGCreations


Une extinction des rongeurs d'ici 2050 

Ce sauvetage du Takahē fait partie d’un projet plus vaste visant à éradiquer les mammifères prédateurs d'ici 2050. Une décision radicale mais qui, selon le gouvernement, est nécessaire pour protéger ses oiseaux endémiques et l'ensemble de sa biodiversité. Plus précisément, le gouvernement a établi une loi en 2016 comprenant une liste de « nuisibles à exterminer » : les trois types de rats (rat du Pacifique, rat marin, rat surmulot), les mustélidés (hermines, belettes, furets) et les opossums. 

D'après certains défenseurs de l'environnement, ce défi pourra être relevé en temps voulu. D'autres cherchent cependant à freiner cet abattage et évoquent des problèmes éthiques. En effet, pour le gouvernement néo-zélandais, tous les moyens sont bons pour y parvenir. Plusieurs méthodes de chasse controversées telles que les pièges en tout genre et l'empoisonnement sont autorisées.