Focus sur… les vilains dans les films

undefined 15 novembre 2018 undefined 17h16

Inès Agblo

Nous sommes plutôt psychorigides au Bonbon : quand on vous propose une hebdo de Focus consacrée aux séries, on se limite aux séries. Seulement, une folie passagère nous a éloigné du droit chemin…

En effet, nous avions jusqu’ici respecté nos engagements, en vous proposant une pluralité de Focus (nudité, sexisme, drogues et tutti quanti) au sein des séries. Mais voilà, nous tenions à mettre en vedette nos amis (ou ennemis ?) les vilains. On vous parle de ces méchants, ces fous furieux, rivaux des super-héros de chez Marvel, DC Comics ou autres.

Bien que le petit écran grouille de séries de super-héros de qualité, il faut tout de même rendre à César ce qui appartient à César. Le cinéma nous a offert des figures mythiques de vilains dont la grandeur est à la hauteur de celle de nos super-héros favoris.

Logiquement, nous avons pris la décision de faire un pied de nez aux règles… Cette semaine, notre Focus fait donc une entorse à la règle pour se consacrer au grand écran et ses super-méchants.


Vraiment méchants ?

Par définition, un vilain a pour vocation d’être vilain. Seulement, s’il est simplement question d’êtres diaboliques sans la moindre profondeur ni nuance, bah… c’est chiant. Non, pour qu’un vilain soit de qualité, il faut que son discours et ses aspirations aient un quelconque sens logique. Il ne peut pas se contenter de suivre le mot d’ordre « moi méchant, moi tuer la population ».

Ainsi, nos vilains préférés élaborent souvent des plans qui, certes, ne sont pas les plus sains, mais pas les plus débiles non plus. Prenons pour exemple le dernier volet de la saga Avengers intitulé Infinity War. Disons que Thanos n’est pas le plus apprécié de tous… Le bonhomme veut quand même détruire la moitié de l’Univers. Mais en soi, sa véritable ambition est de restaurer un équilibre, étant donné que les ressources ne sont clairement pas suffisantes pour tous.

cinema-focus-sur-les-vilains-super-mechants-films-thanos-avengersThanos (Josh Brolin) dans Avengers : Infinity War (2018)

Même chanson pour Magneto dans X-Men, qui cherche en fait à préserver les mutants à tout prix.

cinema-focus-sur-les-vilains-super-mechants-films-x-men-magnetoMagneto (Michael Fassbender) dans X-Men First Class (2011)

Bien sûr, nous n’avons pas toujours affaire à une réflexion particulièrement travaillée. Certains vilains sont simplement des fouteurs de merde, sans réel but. La star d’entre eux n’est autre que le Joker. Effectivement, son mantra est le chaos. Toutefois, cette absence de nuance est - dans ce cas de figure - ce qui rend ce personnage si exceptionnel. Il n’est que pure folie (mise au service d’une intelligence redoutable).

cinema-focus-sur-les-vilains-super-mechants-films-joker-batman-dark-knightLe Joker (Heath Ledger) dans The Dark Knight (2008)

Quand ils ne sont pas motivés par des principes précis ou par une folie criminelle, les agissements des vilains sont nourris par un désir de vengeance dont la force dépasse l’entendement. On peut notamment citer le Bouffon Vert, dont la véritable identité est celle de Norman Osborn. Un homme avec les yeux plus gros que le ventre qui tentera sur lui-même des expériences pas très nettes, se laissant ainsi assujettir par son hubris. Du coup, après avoir été viré de sa propre société, forcément, le mec est pas content de ouf et sort les crocs en s’aidant de ses dons tout neufs.

cinema-focus-sur-les-vilains-super-mechants-films-spider-manLe Bouffon-Vert (Williem Dafeo) dans Spider-Man (2002)

En gros, il est rare que les vilains prônent une méchanceté gratuite et infondée. Il est souvent question de plans très pensés, d’hubris, d’égo, ou d’un désir de vengeance. Lorsqu’il s’agit de vilain purement evil, il faut que la construction du personnage soit réussie et bâtie sur une démence mentale convaincante.


Et leur style, on en parle ?

Tout comme les super-héros, les super-vilains ne peuvent pas être habillés comme Monsieur ou Madame tout le monde. Pour tout le monde - les gentils comme les méchants -, les costumes ont pour vocation d’illustrer les pseudonymes adoptés et les dons y étant associés. Ainsi, qu’il s’agisse du Bouffon Vert, de Catwoman, de Double-Face, du Joker… les uns comme les autres sont à l’image de leur titre.

cinema-focus-sur-les-vilains-super-mechants-films-batman-foreverDouble-Face (Tommy Lee Jones) dans Batman Forever (1995)

Autrement, leur tenue est liée à leur passif. Le masque respiratoire qu’affiche Bane dans The Dark Knight Rises renvoie à une blessure remontant à son passage en prison. De plus, la composition de son ensemble évoque une tenue militaire, rattachée à la vie du personnage dans le comic originel (se sont des essais militaires qui décuplent sa force déjà incroyable).

cinema-focus-sur-les-vilains-super-mechants-films-bane-dark-knightBane (Tom Hardy) dans The Dark Knight Rises (2012)

De même pour Harley Quinn : son costume d’Arlequin est en lien direct avec sa relation avec Joker (dont elle tombe amoureuse en tant que psychiatre). Aussi, Lex Luthor affiche un crâne chauve en raison d’un contact malheureux avec des produits chimiques (il s’agit d’une pluie de météorites dans la série Smallville… eh oui, on triche un peu avec des séries aussi).

cinema-focus-sur-les-vilains-super-mechants-films-smallville-lexLex Luthor (Michael Rosenbaum) dans Smallville (2001-2011)

De manière générale, sur le même principe que les super-héros, les vilains affichent des costumes qui illustrent leur nom, ou se distinguent à travers des caractéristiques singulières issues de leur biographie. C’est pourquoi – comme nous l’avons vu avec Lex – les enjeux autour de leur apparence ne se réduisent pas seulement à leur tenue, mais également à des traits qui les singularisent. En effet, Wilson Fisk (Daredevil) par exemple, est reconnaissable par sa carrure de colosse plus que quelconque leitmotiv vestimentaire.


Quand le vilain devient héros

Pour finir, il est bon d’évoquer la dualité entre héros et vilains. Les deux archétypes se rencontrent en plusieurs points et sont souvent présentés comme des alter-ego (à l’image de Spider-Man et Venom par exemple).

spider-man-3-focus-vilains-filmsSpider-Man 3 (2007)

Mais ce qui caractérise véritablement cette dualité, c’est la passion des spectateurs autant portée pour le héros que le vilain. Effectivement, le méchant passionne autant (voire plus) que le super-héros. Du coup, voir des vilains en héros de films tels que Suicide Squad enchante plus que ça étonne.

suicide-squad-focus-vilains-filmsSuicid Squad (2016)

Dans cette même logique, certains personnages sont basés sur une véritable ambivalence entre les deux profils. On peut notamment citer le Punisher, pouvant à la fois être perçu comme un héros et un vilain.

En bref, les vilains sont aussi cool et complexes que les super-héros. Du coup, vive le mal (je crois…).