Le changement climatique réduit la taille de notre cerveau, selon une étude scientifique

undefined 18 juillet 2023 undefined 15h41

Nicolas Cogoni

Notre cerveau rétrécit à vu d’œil. Une étude scientifique du Natural History Museum de Californie publiée dans Brain, Behavior and Evolution considère le changement climatique comme l’un des principaux facteurs potentiels affectant l'évolution de la taille de notre cerveau. Cette conclusion pour le moins surprenante résulte d’une analyse des enregistrements climatiques et des restes humains sur une période de 50 000 ans.


298 spécimens d’Homo passés au peigne fin

Pour mener à bien cette étude, Jeff Morgan Stibel, scientifique cognitif du musée californien, a examiné l'évolution de la taille du cerveau de 298 spécimens du genre Homo en rapport avec les variations de température, les taux d'humidité et les précipitations mondiales. Pour ce faire, le chercheur a obtenu de nombreuses données sur la taille du crâne de fossiles provenant de plusieurs sources scientifiques. Sur un total de 373 mesures et pour établir une estimation précise de la taille du cerveau, Jeff Morgan Stibel a inclus divers éléments tels que la taille corporelle, la région géographique et le sexe de l’individu.

Le scientifique a ensuite comparé la taille du cerveau estimée à partir des fossiles à quatre enregistrements climatiques, dont les données de température du projet européen de carottage de glace en Antarctique (EPICA). Il s'agit d'échantillons retirés des calottes glaciaires apportant notamment des mesures précises de la température de surface remontant à plus de 800 000 ans. 

Au cours des 50 000 dernières années, la Terre a connu son dernier maximum glaciaire, soit la période au cours de laquelle le froid a atteint son ampleur maximale, à la fin de la dernière période glaciaire. Les températures moyennes ont ensuite augmenté à partir de l’Holocène, la période géologique qui représente les 11 000 dernières années, rapporte Actu Environnement.


Une diminution considérable de la taille du cerveau 

L'analyse finale a montré un schéma général de modification de la taille du cerveau chez l’espèce Homo, corrélé au changement climatique à mesure que les températures augmentent et diminuent. En effet, le cerveau humain était bien plus grand lors des périodes glaciaires, tandis que sa taille a considérablement diminué (10,7%) sur les périodes plus chaudes, lors de l’ère géologique Holocène dans laquelle nous nous trouvons actuellement : « Les changements de taille du cerveau semblent avoir eu lieu des milliers d'années après les changements climatiques, et cela est particulièrement prononcé après le dernier maximum glaciaire, il y a environ 17 000 ans », explique Jeff Morgan Stibel dans son étude.

Ces conclusions suggèrent que le réchauffement climatique en cours pourrait donc avoir des effets néfastes sur la cognition humaine. Et pour le scientifique, cette diminution de la taille du cerveau pourrait correspondre à une réponse au stress environnemental : « Les résultats suggèrent que le changement climatique est prédictif de la taille du cerveau Homo, et que certains changements évolutifs du cerveau peuvent être une réponse au stress environnemental ».

Le scientifique reste toutefois prudent et précise que le changement climatique pourrait ne pas être le seul responsable dans toute cette histoire. Des facteurs écosystémiques comme la prédation, des effets climatiques indirects comme la végétation ou des facteurs non climatiques comme la culture et la technologie contribueraient tous aux changements de la taille de notre cerveau. « Des travaux supplémentaires seront nécessaires pour déterminer si l'impact du changement climatique sur la physiologie Homo est le résultat spécifique des changements de température ou un effet indirect d'autres éléments d'un environnement changeant », conclut Stibel.