A bras ouverts, c\'est nul mais c\'est pas grave

undefined 7 avril 2017 undefined 00h00

La Rédac'

Après avoir vu la bande-annonce et lu pas mal d'articles qui criaient au déferlement de haine raciale, j'étais prêt à me saisir d'une fourche pour aller embrocher ce salaud de Chauveron et mettre à mort Clavier le parvenu. Bon, on va se calmer, le film est très mauvais, c'est certain, mais de là à craindre pour la paix civile, il y a un fossé que je ne franchirai pas.


Il m'a donc fallu m'armer d'un maximum de courage et d'intégrité journalistique pour aller voir ce truc, car Dieu sait que je n'en avais pas envie. Déjà parce que le film, très sincèrement, ne me bottait pas du tout, et aussi parce que je n'avais pas envie de donner mon entrée à un gars dont j'avais déjà boycotté le premier méfait (Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?) pour les mêmes raisons, à savoir un délit de vulgarité et de populisme flagrant, le tout pour faire des sous. En effet, après visionnage de l'une de ces deux horreurs, au choix, vous conviendrez que justifier d'avoir commis une telle saloperie en invoquant la démarche artistique s'apparente au foutage de gueule le plus total. 

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Bref, j'espérais sincèrement être le seul dans la salle, ce ne fut pas le cas. Bien loin d'être pleine cependant, j'y recensais à peu prêt une vingtaine de spectateurs. Pour une séance de 20h un jeudi soir du côté de Jaurès, c'est pas des masses, mais je me disais, encore tout plein des a priori que j'avais sur le film, que c'était déjà trop. Alors que je m'attendais à ne voir que des vieux blancs, je dois dire que j'ai constaté la présence de pas mal de jeunes de toutes les couleurs. Qu'en penser ? Je ne sais pas, peut-être que le public avide de cinéma populaire qu'on décrit et condamne à longueur d'articles bien-pensants n'est pas celui qu'on croit...

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Quoi qu'il en soit, penchons-nous sur le film. En toute honnêteté, je n'ai pas beaucoup ri, mais quand même c'est arrivé, j'ai rigolé une ou deux fois. Deux fois je crois. La première je ne m'en rappelle pas, mais la deuxième c'est quand Babik (le Rom chef de famille interprété par Ary Abittan) met une énorme droite à Elsa Zylberstein pour la calmer, parce que Jean-Etienne Fougerole n'arrive pas à "tenir sa femme". Une bonne grosse vanne bien sexiste donc. Désolé, je pense que c'est le décalage. Le fait que les Roms prennent cher tout au long du film, de façon quand même très caricaturale il faut le préciser (un des personnages, "Croutch", chasse et mange les hérissons), trouve ici une catharsis dans la violence faite au seul vrai personnage féminin, dont la "bourgeoiseté" - caricaturale au possible elle aussi - donne clairement envie de lui coller une tarte. Pas parce qu'elle est une femme, mais bien parce qu'elle représente ce que le film cherche maladroitement à dénoncer, à savoir l'hypocrisie latente (selon le réalisateur, donc) de nos élites quant au sort des minorités. La famille Fougerole a quand même un majordome indien qui s'appelle Ravi... 

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Tout ça pour vous dire, en résumant grossièrement, qu'A bras ouverts n'est en fait qu'une énième mauvaise comédie française qui grossit sans ménagement le trait des clichés sociétaux si souvent utilisé dans nos comédies populaires. Mais ce n'est qu'un film, une "œuvre" de fiction, et le fait qu'il soit massivement considéré comme nul à chier n'apporte évidemment aucune crédibilité à son propos, quelle qu'en soit son interprétation. La meilleure des choses à faire devant une telle production, c'est de l'oublier, ou mieux, de ne pas aller la voir.


A bras ouverts, de Philippe de Chauveron

Avec Christian Clavier, Ary Abittan, Elsa Zylberstein
En ce moment en salles (plus pour longtemps, on espère)