Débarquer en soirée signifie s’exposer à beaucoup de destins dont tous ne sont pas forcément dignes d’intérêt. Les discussions fusent et faire genre d’être sur ton téléphone ne sert à rien : te voilà embourbé dans une interminable discussion stérile. S’il serait bien plus simple de dire « ta gueule » à son interlocuteur, s’en sortir poliment est tout aussi possible. Voici quelques idées.
Lorsque le tour des convenances se termine - « Salut ça va ? La famille, tout ça ? » - s’engage un théâtre absurde de faux-semblants avec cette personne super chiante en face de toi. Tu désires par-dessus tout partir en courant et disparaître loin, très loin, mais tu ne peux pas. Va donc aux toilettes. Bien entendu, il y a un fort risque que ce post-it te propose de t’accompagner et d’attendre avec toi mais l’espoir souverain de t’enfermer dans 1 m2 de solitude méritée te permettra de survivre jusque-là.
Dans la famille "départ précipité", il n’y a pas que la disquette des toilettes. Tu peux également poliment proposer d’aller chercher des verres ou de la bouffe. Partir pour rendre service à la communauté, c’est une révérence que personne ne conteste. A toi de te perdre entre le frigo et les poubelles pour que personne ne vienne plus jamais te fatiguer.
Les besoins des autres t’importent moins que d’entretenir ton cancer du poumon ? Pars en route pour un taxage de clope intrépide pourvu que ce soit loin de cette situation. Si, par malheur, la personne qui t’adresse la parole est un fumeur extrêmement généreux, c’est toujours une clope gratos de prise. Tant pis.
L’union fait la force : il faut couper court à cette discussion à l’aide d'une tierce personne. En premier lieu, tu peux faire croire qu’il y a quelqu’un à l’autre bout de la pièce que tu n’as pas vu depuis des lustres. Te voilà face à trois scénarios différents : 1) « Viens, on va voir machin là-bas, ça fait mille ans ! » La marche s’embraye, ton interlocuteur se met en route et tu fais discrètement demi-tour dans l’autre sens. Non seulement c’est très drôle d’observer la réaction de la personne qui subit l'impair, mais c'est surtout super efficace. 2) Véritablement aller voir ce complice et compter sur sa loyauté pour qu’il prenne le relai et te délivre enfin. 3) Le relou bavard ne veut pas te suivre. Il faudra donc attendre que quelqu’un se rallie à votre discussion par hasard pour battre en retraite subtilement.
Rien ne semble jouer en ta faveur. T’as pas le mojo poto. Fait preuve d’intelligence et tourne cet échange merdique en ta faveur. Sortir reste une formidable façons d'élargir son cercle. Parler à quelqu’un de chiant peut être particulièrement rasoir mais peut également servir de levier d’impulsion sociale. Les connaissances de cette personne valent aussi leur pesant d’or et c’est bien en parlant au relou que tu leur seras présenté.
Enfin, s’esquiver d’une discussion n’implique pas forcément de fuir à toute jambes. L’échange, au départ, était motivé par une once de sympathie mêlée à beaucoup de politesse. Tu disposes à tout moment de l’opportunité de dévier le sujet sur quelque chose de plus palpitant. Parce qu'une discussion intéressante c’est sur un sujet intéressant, en fait.
Bonne soirée.