C’est caché dans une petite ruelle à l’arrière du centre Pompidou que se trouve le joli théâtre de l’Essaion, avec sa devanture toute rouge. Après avoir descendu les marches, on découvre le décor qui nous attend sous la magnifique voûte en pierre : un salon joliment dressé et des lumières qui nous donnent envie de nous installer. Le ton est donné, on sait qu’on risque de passer un bon moment.
Sur scène, les personnages commencent à faire leur entrée : M. Alfred, un écrivain chevronné mais en proie au doute face à l’écriture de son dernier roman, et son personnel au look et à l’attitude pour le moins loufoques. Au fur et à mesure de l’histoire, le héros nous sort de son chapeau tous les personnages peuplant son imaginaire : Bozo le clown, Yvette l’accordéoniste, Madame Loyal et Zampano le lanceur de couteaux. Un quatuor extravagant et coloré, qui va vous faire voyager tout droit dans l’univers du cirque. Rapidement, le dilemme nous est révélé : M. Alfred veut faire mourir l’un de ses personnages pour pouvoir avancer dans son roman, mais il n’arrive pas à choisir lequel. N’arrivant pas à s’y résoudre seul, il les convoque tous chez lui afin que ces derniers décident eux-mêmes qui doit disparaître. Entre surprises, rivalités et rébellions, on assiste à un véritable dîner de fauves où chacun essaye de sauver sa peau. À la manière de Christopher Nolan dans Inception, Valérie Mastrangelo nous fait basculer d’une réalité à l’autre, si bien qu’on ne parvient plus vraiment à discerner le réel et la fiction.
Un peu d’absurde et d’humour noir — mais toujours avec finesse — pour saupoudrer le tout et on obtient une pièce intelligente et créative. L’autrice et metteuse en scène aborde aussi la question des défauts humains, à travers chacune des personnalités incarnées par les personnages, mais surtout celle de la folie. Du début jusqu’au dénouement, une seule question persiste : d’entre eux tous, lequel est le plus fou ? Derrière le miroir, c’est une histoire originale et désopilante, une ambiance fantaisiste, proche du rêve, grâce aux jeux de lumière et à la musique envoûtante, des comédien·ne·s vivant·e·s et investi·e·s dans leur rôle. Finalement, il ne nous reste plus qu’une seule chose à vous dire : foncez la voir !
Derrière le miroir
Théâtre de l’Essaïon
6, rue Pierre-au-Lard – 4e
Jusqu’au 29 juillet 2023
Les jeudis, vendredis, samedis à 21h15
www.essaion-theatre.com