Si vous n’aviez pas eu le temps ou l’occasion d’aller voir Coupures à Avignon cet été, pas de souci, la pièce se joue à Paris depuis quelques semaines pour une séance de rattrapage bienvenue, pour ne pas dire nécessaire.
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Remettre le public à sa place
Dès les premières minutes, nous voici pris à partie par une militante écologiste passionnée : « Votre voix a-t-elle vraiment un rôle ? ». Le débat est lancé, et durera 1h30. Sur scène, le jeune maire écolo d’un village rural décide sans consultation d’accepter la construction d’antennes relais. Au grand désespoir de ses électeurs impuissants.
Sur un rythme endiablé, les 6 comédiens dénoncent avec brio les tensions et les absurdités infinies liées à notre administration, ayant pour conséquence la rupture quasi totale entre le haut de la pyramide et les derniers maillons de la chaîne. Et le sentiment de solitude intense que cela peut alors provoquer, d’un côté comme de l’autre.
Un texte engagé donc, qui nous interroge sur la place que les gens occupent, ou plutôt n’occupent pas, dans le débat public. Ici, le spectateur est tour à tour pris à partie, puis mis face à son impuissance. Il passe de l’ombre à la lumière (littéralement), de l’action à la contemplation dans une danse endiablée qui nous met face aux contradictions de notre société démocratique (mais l'est-elle vraiment ?).
© Jules Despretz
L’humour comme arme
La force de ce manifeste vient directement de sa capacité à faire rire. Les situations s’enchaînent à une vitesse folle, mais toujours avec justesse, pour nous livrer un flot de répliques percutantes et drôles, d’une pertinence et d’une intelligence rares. Le rythme est tenu grâce à des comédiens survoltés, accumulant les rôles sans pourtant jamais en sortir.
Le décor, pourtant très minimaliste dans une volonté de simplifier les déplacements de la troupe pour des questions écologiques, nous transporte sans problème d’une époque à une autre, d’un lieu à un autre grâce à quelques ingénieux effets de mise en scène. Le tout supporté avec majestée par une violoniste présente du début à la fin pour accompagner les comédiens et leur humour féroce.
C’est une véritable réussite donc pour ce spectacle engagé qui nous invite à réfléchir, et surtout à développer nos consciences de citoyens. Et rien que pour ça, ça fait vraiment du bien.
© Jules Despretz
Coupures
Théâtre des Béliers parisiens
14 bis, rue Sainte-Isaure – 18e
Jusqu'au 4 janvier 2023
Du mardi au samedi 19h, dimanche 17h
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