Un photoreporter dingue des States et 30 ans d’Histoire américaine vus à travers son regard. Le paradis d’un photographe - Tumultueuse Amérique 1960-1990, c'est LE rendez-vous photo à ne pas manquer cette rentrée. Direction la MEP.
Jean-Pierre Lafont a toujours été un reporter de magazine à part. C'est du moins ce que l'on dit de lui. D'une curiosité insatiable et formidable conteur d'histoires, le photojournaliste est par essence un électron libre au regard avisé. Celui de Jean-Pierre Lafont est d'une liberté tendre et d'une empathie magnifique. Ancien membre fondateur des agences Gamma USA et Sygma, il a compilé dans un ouvrage 30 ans d'Amérique en 350 photos, dont une partie est exposée à la MEP jusqu'au 31 octobre.
Quand il arrive aux Etats-Unis en 1965, Jean-Pierre Lafont devient le témoin privilégié d'une nation en pleine mutation qui le fascine. Pendant 30 ans, il sillonne le pays, observe les destins des puissants, le défilé captivant des laissés-pour-compte, des héros et des fanatiques, du quotidien, parfois âpre, entre crise et euphorie.
Il immortalise avec spontanéité et humanisme les maux de la société américaine qu'il documente avec une liberté incroyable. L'Amérique comme il l'a vécue, dit-il. Le New York des années 60, sale et dangereux, la construction du World Trade Center, la génération sex, drugs and rock 'n' roll, les hippies, la naissance du mouvement de libération des femmes et les astronautes d’Apollo XI revenant de la Lune... Et on plonge avec lui dans la politique à la Maison Blanche et aux Nations Unies, on découvre le gang des Savages Skulls du Bronx, et on repousse les limites jusqu'à la chaise électrique de Sing Sing. « C’était une période exaltante sur laquelle, cependant, planait l’ombre des crimes de la prison de Cummins Farm, les conditions inacceptables de la vie carcérale et l’utilisation de la chaise électrique », commente le photographe. « Il y aura également les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy (…) le mouvement noir américain et le Ku Klux Klan ».
Il aime travailler seul, faire ses propres itinéraires, choisir ses histoires, construire ses reportages. Il prend ses rendez-vous, avance ses frais, développe ses films, édite ses photos, écrit ses textes et n'aime pas répondre à la commande. « Lorsque je regarde, une à une, ces photos prises pendant ce quart de siècle, elles semblent au premier abord décrire un état de chaos, émeutes, protestations, désintégration et conflit. Mais prises dans leur ensemble, ces images montrent la naissance houleuse, parfois douloureuse, de l’Amérique du XXIe siècle — une nation où un président noir, des mariages homosexuels et des femmes chefs d’entreprises sont la norme plutôt que l’exception » explique Jean-Pierre Lafont. « Les Etats-Unis sont le paradis des photographes » dit-il encore aujourd'hui. Au regard de son voyage photographique époustouflant, on veut bien le croire.
La Maison européenne de la photographie 5/7, rue de Fourcy - 4e Plein tarif : 8€ Tarif réduit : 4,50€ Du 9 septembre au 31 octobre 2015