Tromper sans coucher : qu\'est-ce que le \"micro-cheating\" ?

Dans la catégorie des nouveaux termes qui vous feront définitivement basculer vers la paranoïa, faites connaissance avec la tromperie émotionnelle. Le terme se multiplie dans la presse et les bouches de certains psychologues depuis le début de l'année et désignerait le fait d'avoir une relation ambigüe avec quelqu'un d'autre que son mec ou sa meuf... sans le ou la tromper. 

Il y a quelques mois, on se demandait où commençait la tromperie dans un couple : on en venait au fait que déjà, l'infidélité impliquait un ou plusieurs contacts physiques, mais aussi et surtout que la fidélité reste une notion somme toute très subjective. 

Un concept de plus pour désigner une pratique ancestrale ?

Interrogée par le Huffington Post australien, l'experte en relations amoureuses (passons sur ce titre) Melanie Schilling définit le micro-cheating comme « une série de petites actions qui indiquent qu'une personne est émotionnellement ou physiquement focalisée sur quelqu'un d'autre, en dehors de sa relation ». Focalisé physiquement, d'accord, mais émotionnellement, placer ses potes avant son couple, c'est tromper ? 

Eyes Wide Shut

En poursuivant mes recherches pour préciser un peu les termes, clauses et conditions de cette forme d'infidélité, je tombe évidemment sur un forum Doctissimo à ce propos. "Fléau du couple", "drogue", "spirale de mensonges", le dénommé e_k_tombe n'y va pas avec le dos de la cuillère et commence à m'inquiéter :

« Il aura besoin de vous pour ne pas se perdre. A l’image d’un drogué, si le choix d’arrêter il le fait seul, il a besoin du soutien de ses proches pour décrocher. Dites-vous qu’il ou elle est malade, et a besoin d’aide. Vous pouvez voir l’autre personne, et lui demander de ne plus voir votre conjoint. L’idéal serait de le faire à deux. Montrez-lui que vous êtes là, et que cette relation n’a ni queue ni tête. Une autre option serait de quitter votre conjoint si vous ne supportez plus son attitude. »

Pourquoi personne n'a donc identifié le phénomène auparavant, alors qu'il causerait des "dégâts considérables" ? S'il n'y a pas de sexe, est-ce vraiment tromper ? D'ailleurs, si on prend les deux noms apposés sur cette pratique, en français et en anglais, elle semble avoir une signification différente, mais des symptômes similaires. L'infidélité émotionnelle en français est supplantée par une forme "minime" de tromperie avec le terme de micro-cheating anglo-saxon. Et puis "micro", ça veut donc dire que c'est moins grave ?

Ceux qui pensent que l'infidélité réside uniquement dans le rapprochement physique resteront certainement sceptiques face à cette pratique : « Peu de contacts physiques se produisent dans une telle relation », explique la spécialiste en relations de couple Chantal Heide. Plus, vous n'auriez rien à craindre : « La personne à l’origine de cette liaison veut demeurer avec son conjoint, même si elle ressent une très forte connexion avec une autre personne », poursuit Heide.

Amitié, flirt, micro-cheating ?

Il existe une multitude de "signes" qui témoigneraient d'une volonté de tromper émotionnellement votre partenaire (et vice-versa). Ils sont sensiblement les mêmes que dans le cas d'une infidélité classique, sans le sexe : vous avez "trop" de proximité émotionnelle avec l'autre, vous passez beaucoup de temps ensemble, vous vous habillez spécialement pour cette personne, vous mentez à votre partenaire au sujet des moments où vous voyez l'autre, vous rigolez plus avec cette personne, vous êtes attirés sexuellement, vous diminuez l'importance de votre relation avec votre partenaire auprès de la personne, et pour finir, vous êtes dans le déni des signes précédemment cités. Avec quand même une personne en tête.

Cette liste n'est pas exhaustive, parce que de toute façon vous savez que si vous vous disputez régulièrement avec votre mec ou votre meuf, s'il ou elle passe plus de temps sur son téléphone (et le cache furtivement quand vous passez derrière), qu'il parle régulièrement d'une nouvelle connaissance et prend soudain plus soin de son physique que d'habitude, il y a des chances qu'un « il faut qu'on parle » débarque dans la conversation prochainement. 

Au-delà de la notion de fidélité, ce concept pose la question de la complicité dans le couple, des frontières entre amour et amitié : dans le même état d'esprit, le Guardian publiait en 2015 son Guide du micro-cheating dans lequel cette "micro-tromperie" était le fait de flirter en douce sur les réseaux sociaux. On n'est pas sortis de l'auberge.