L\'idée folle d\'une française : faire le tour du monde en stop et en solitaire

undefined 8 mars 2017 undefined 16h50

Laura

Cela fait presque quatre ans que Florence a quitté la France pour l’aventure de sa vie. Quatre années pendant lesquelles elle aura fait du bateau-stop entre la Vendée et le Brésil, vécu un tremblement de terre à Wellington, marché sur le Mordor, travaillé dans une ferme, rampé dans des grottes secrètes, et rencontré l’amour, plusieurs fois… Pour nous, elle revient sur les moments marquants de son périple.

Nous sommes le 2 juillet 2013 quand Florence lève le pouce pour la première fois. Depuis Orléans, elle doit rejoindre la Vendée où l’attendent Cédric et Julien, les deux skippeurs qui lui feront traverser l’Atlantique. Mais sur place, Florence apprend que le départ est annulé. Ça commence mal. « Pour se consoler, on a passé l’aprèm à boire des bières… ». Sauf qu’à six heures du mat’, Julien la réveille : annulation annulée, il faut partir immédiatement.

« Je crois que ce départ restera le meilleur souvenir de mon voyage » sourie Florence.

tdmJulien, Florence et Cedric a leur arrivee au Bresil, aout 2013

150 000 kilomètres, 1 600 conducteurs

Depuis, la jeune française a traversé l’Amérique du sud jusqu’à la pointe sud du Chili, avant de remonter jusqu’au Nord du Canada, sans oublier de passer quelques mois en Amérique centrale, aux Etats-Unis et au Québec.

La jeune reporter qui travaillait à Paris pour France 3 s’arrête souvent quelques mois dans certains pays pour travailler et remplir un peu sa cagnotte. Des conférences, des reportages, des petits boulots, et même un job de fermière pendant trois mois.

Aujourd’hui elle nous parle via Skype depuis l’Australie, qu’elle a rejoint après un passage par la Nouvelle-Zélande. Soit un total de plus de 150 000 kilomètres, parcourus aux côtés de plus de 1 600 conducteurs.

Chauffeur de camion australien, fevrier 2017

« C’est sûr que c’est long de voyager en stop, mais ça permet de rencontrer plein de personnes, de découvrir la culture d’un pays de l’intérieur. D’ailleurs plus je voyage, plus je voyage lentement » s’amuse Florence.

Pourtant, c’est facile de faire du stop quand on est une fille non ?

Cette remarque, Florence l’a entendu un nombre incalculable de fois… Et bien sûr, c’est un pur cliché. « J’attends autant quand je suis seule qu’en compagnie d’un homme. Je pense qu’il y a des avantages et des inconvénients pour chacun ». D’ailleurs, Florence se souvient qu’en Amérique du sud, faire du stop en tant que femme était un véritable challenge.

Florence en camion-stop, Bolivie, decembre 2014

« Pas uniquement pour les questions déplacées qui mettent mal à l’aise du type "Tu es mariée ?", "Tu veux avoir une relation sexuelle avec moi ?", mais aussi parce qu’en Amérique du sud, une femme qui fait du stop seule c’est louche. Pour les conducteurs, on ressemble plus à un appât de braqueurs qu’à une simple baroudeuse ».

A l’inverse, même si Florence conseille toujours aux jeunes femmes qui font du stop seules comme elle de rester prudentes, elle a rencontré plusieurs hommes victimes eux aussi de mauvaises expériences. On est donc tous égaux face à l’auto-stop.

Le statut de la femme vécu à travers le monde

« En traversant l’Amérique du sud et l’Amérique centrale, je me suis dit qu’on avait quand même pas mal de chance, en tant que femme, de vivre en France. Là-bas, elles sont très souvent mères au foyer à vingt ans à peine, sans même savoir qu’une autre vie est possible. »

Femmes indigenes en Amazonie, Equateur

C’est d’ailleurs au Panama que Florence a vécu sa plus mauvaise expérience : « Un homme m’avait offert de vivre chez lui quelques semaines pendant son absence. Il s’avère qu’il n’est pas parti, et qu’il a commencé à me harceler psychologiquement et sexuellement. Je suis allée au commissariat, où les policiers m’ont conseillé de porter plainte. Ca s’est terminé par un mois de prison pour mon harceleur. »

Dans ce contexte difficile, Florence décide de partir pour l’Amérique du nord, jusqu’au Canada.

« Et là c’était l’effet inverse : d’ici, la France ressemblait au Moyen-Âge ! » s’exclame t-elle en riant (jaune).

Florence en limousine-stop, Australie, decembre 2016

Elle se souvient d’avoir travaillé pour un festival de country, qui accueillait en majeure partie des groupes feminins. « Je me suis fait cette agréable réflexion qu’il y avait beaucoup de femmes sur scène, sauf que pour les canadiens, c’était parfaitement normal. »

Un bilan très positif à mi-parcours

Pour autant, Florence garde surtout de très bons souvenirs.

« C’est encore mieux que tout ce que je pouvais imaginer. Mon regard sur le monde est encore plus positif ».

Parmi ses endroits préférés (parce que ce serait beaucoup trop difficile de choisir un seul pays), Florence cite l’Alaska, un « gros coup de cœur », mais aussi le sud du Chili, la Cordillère des Andes en Bolivie, la forêt amazonienne ou encore les Rocheuses au Canada. « Je conseille cette belle expérience à tout le monde » nous dit-elle simplement.

Exit Glacier, Alaska

Bientôt, Florence quittera l’Australie pour l’Indonésie, puis elle remontera une grande partie de l’Asie, avant de débarquer sur le continent africain. « Je me laisse encore deux ans » estime t-elle. Mais dans son sourire, on peut lire « la vie entière »...

Pour suivre son périple, c'est ici : Le monde sur le pouce de Florence Renault ou sur sa page Facebook.