Pourquoi on va bientôt tous se taire

undefined 4 octobre 2017 undefined 18h40

Olivia

Il a beau être invisible, le bruit s’immisce partout. Et même si le silence total n’existe pas, le silence relatif (c-à-d. le calme) lui, est de plus en plus compliqué à trouver. L’open space est devenu la norme, nos téléphones ne cessent de sonner, quant aux gens, ils semblent toujours avoir quelque chose à dire. Le bruit s'est imposé comme le nouvel ennemi à combattre. Vous rêvez de tout couper ? Nous aussi. 


Le bruit, ce phénomène qui nous pourrit la vie
 
 

Vous ne supportez plus votre voisin de taf et son cliquetis d’ordi ou le son qu’il fait en croquant dans sa pomme ? Vous faites partie de la part grandissante de Français atteints de misophonie, littéralement "la haine du son". Un trouble neurosphychique qui, au moindre bruit, entraîne chez les misophones une détresse psychologique et un vif dégoût pouvant mener à des crises de panique voire carrément des accès de violence.

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De plus en plus exposés au bruit, il n'est pas étonnant que l’on soit de plus en plus nombreux à s'irriter au moindre son, notamment au boulot. Selon une étude menée par Audika et OpinionWay en 2017, « huit actifs sur 10 reconnaissent être autant, voire plus, exposés au bruit au travail qu’il y a 20 ans », tandis que « 60% des actifs exposés au bruit disent l’être au moins plusieurs heures par jour ou en permanence ».

En plus de nous agacer, le bruit aurait des conséquences sur notre santé (troubles du sommeil, accélération du rythme cardiaque, augmentation du stress…), mais aussi sur notre productivité. Selon une étude Ifop de 2016, « 20% des salariés français perdraient 30 min de productivité par jour soit 23 milliards d’euros de pertes annuelles pour les entreprises, à cause du bruit ». Le bruit a aussi un coût. En 2016, il s'élevait à 57,68 milliards d’euros selon le Conseil National du bruit et l’Ademe.  


Une forte mobilisation pour l'éradiquer
 

Plusieurs entités se mobilisent pour étouffer cet élément pernicieux. Du côté de la science d'abord ,avec le CNRS qui vient de lancer l’appli NoiseCapture où chacun peut enregistrer l’environnement sonore ambiant grâce au micro de son smartphone. L’idée ? Que l’on mette tous la main à la pâte pour établir une cartographie qui aidera les villes et les urbanistes à éradiquer le bruit. 

Niveau politique publique, Paris se verra parée d’un bitume anti-bruit dès 2018. Un nouveau revêtement routier qui devrait permettre de réduire le bruit produit par les voitures, et qui sera d'abord testé dans plusieurs endroits de la capitale d'ici l'année prochaine. 

Il existe aussi des solutions perso, comme investir dans des écouteurs Tilde, qui permettent de moduler notre environnement sonore. A l’aide d’un curseur, on décide de tout couper ou de rester connecté. Autre solution plus radicale : on investit dans une E-Bulle, sorte de capsule qui fait office de bureau connecté.


Et si on commençait d’abord par se taire ?

On veut fuir le bruit environnant à tout prix, mais si on commençait déjà par nous-mêmes laisser place au silence ? Au travail ou pour soi-même, se taire peut avoir beaucoup d'avantages. Selon une étude menée par des chercheurs en management de l'Université d'Athènes, il est fondamental de rester silencieux pour avoir la main dans certains conflits ou bien pour remporter une négo.

Selon la psychologue et psychanalyste Fanny Bauer-Motti, le silence est un outil redoutable. « En situation de négociation, le silence va vous permettre de faire douter l’autre, et il aura aussi plus de chance de livrer des infos. C’est aussi une façon de se protéger : lorsque vous vous dites, vous livrez à l’autre vos fonctionnements. Et lorsque en plus cela vient à chaud, vous exprimez votre sensibilité ou votre ressenti et non pas les faits ou ce que vous avez vraiment envie d’en dire. Ainsi l’autre finit par accéder à votre mode d’emploi. Il sait vos pourquoi et vos comment avant même que vous en preniez conscience. »

Le silence serait un élément phare de notre bien-être, et serait même vital pour notre cerveau. Selon la recherche, deux heures de silence par jour régénèrent les cellules de l'hippocampe - une région du cerveau qui est associée à l’émotion, la mémoire et l’apprentissage. Vous n'avez pas deux heures de libre devant vous pour laisser place au néant ? Deux minutes de silence complet suffisent déjà pour libérer le stress. C'est pas gagné.