A Paris, comme dans toutes les grandes villes, on trouve généralement ce qu'on veut. Il suffit de bien chercher, de bien se renseigner. Même quand on cherche le nom d'une femme parmi les 302 stations de métro, on finit par trouver, vous vous rendez compte ? Ce n'est pas facile, certes, mais il en existe bien une. L'institutrice anarchiste du XIXe Louise Michel est la seule dame a avoir inspiré le nom d'une de nos belles stations. Chapeau.
On prend le métro tous les jours et pourtant on n’y fait guère attention. Quand le nom de Jules Joffrin est évoqué, personne ne pense à l’homme politique du XIXème siècle. Non, on pense : ligne 12 et quartier sympa dans le 18e. Idem pour les stations Cardinal Lemoine, Leo Lagrange, Louis Aragon, Louis Blanc, Pasteur, Philippe Auguste, Saint François Xavier, Jasmin… Pourtant elles ont toutes un point commun : chacune honore un homme. Sans oublier Paul, Félix, Etienne, Gabriel… On a arrêté de compter les stations de métro portant le prénom ou nom de ces Messieurs quand on est arrivé à cent.
Paradoxalement une seule, la ligne 3, rend hommage à une femme : Louise Michel. D’accord, il y a les stations Curie (Pierre et Marie) et Barbès-Rochechouart (Marguerite de Rochechouart de Montpipeau, la 43e abbesse de Montmartre). Mais pour ces deux dernières, elles doivent partager la gloire avec un homme.
Et si ça changeait ?
La RATP en a pris note et l'a fait savoir. Si aucun changement de nom de station de métro n'est prévu, le tram T3b rehausse un peu le niveau. Ella Fitzgerald, Rosa Parks ou encore l'aviatrice Adrianne Bolland... Sur les 18 arrêts de ce tronçon, sept portent le nom d’une femme. Un petit pas en avant pour pallier à cette forme de sexisme.
Et si les femmes réinvestissaient l'espace public ?
En 2014, l'artiste Silvia Radelli dans le cadre de son projet Métroféminin revisite le plan du métro à sa façon. Elle remplace 100 noms de stations par ceux de femmes qui ont marqué l'Histoire : de Simone Weil à Hannah Arendt en passant par Edith Piaf, Anne Franck et Frida Kahlo. Loin de vouloir faire "la guerre aux hommes", ou assouvir un désir de vengeance, l’artiste voulait souligner l’absurdité d’une carte composée de noms d’homme et ainsi souligner la discrimination.
Le site du Ministère des familles, de l'enfance et des droits des femmes (on ne reviendra pas sur la polémique de ce nom de Ministère associant les femmes aux enfants et à la famille) a ressorti cette carte pour la journée des droits des femmes :
Alors oui, c'est vrai, on n'y fait plus vraiment attention. Qu'une station se nomme Michel ou Michelle, il n'y a pas de quoi en faire tout un plat. Mais justement, si ce n’est pas si important, pourquoi ne pas changer le nom de quelques-unes ? Pour ou contre troquer certains noms de station de métro masculins par des noms féminins ?
Après seulement on parlera des 97% des rues qui portent le nom d'Hommes à Paris. Hidalgo on croit en toi.