L’opération de com’ de Ikea qui passe mal à Paris

undefined 26 février 2019 undefined 16h11

Jeanne Gourdon

Ikea a mit le paquet pour la promotion de son nouveau magasin intra muros prévu pour le mois de mai. La marque suédoise va installer six bains à 38 degrés tout le week-end en face de l’île de la Cité pour présenter son nouveau catalogue.

Ce n’est pas la première fois que la capitale devient le théâtre d’opérations commerciales à taille humaine, comme le réveillon du Nouvel An sponsorisé par Monoprix. Cette fois-ci, c’est le maître du meuble en kit qui "loue" un lieu de la ville : les quais des Grands-Augustins (6e). Une poignée d’inscrits tirés au sort pourront profiter de ces bains tout en feuilletant le nouveau catalogue Ikea.


Les élus s’insurgent

Certains élus de Paris s’inquiètent de la privatisation d’espaces de la ville pour de la pub. Nicolas Bonnet Ouladj, président du groupe Communistes-Front de Gauche, commentait il y a quelques mois pour 20 minutes : « Je suis inquiet de tous ces gros groupes qui se saisissent du moindre mètre carré dans la capitale. Ça ne donne pas un bon signal ». Le groupe écologiste au Conseil de Paris définit cette opération comme «  une aberration écologique, un gaspillage énergétique complet. Une opération de communication à l’image d’une marque peu regardante sur l’écologie ». Vous l’aurez compris, Ikea choque par cette initiative, d’autant plus dans l'ambiance tendue que l'on connaît depuis quelques mois.


Ikea dans le viseur, pour la première fois ?

Cash investigation avait révélé qu'Ikea, plus gros consommateur de bois commercial, ne tenait pas ses boisettes de sources toujours très fiables, voire illégales. L’enquête montrait notamment les actions d’Ikea sur les forêts de Transylvanie en Roumanie ou la destruction de centaines d’arbres dans le nord de la Russie. Rien de bien gai… Pour toutes ces raisons, David Belliard, président du groupe écologiste de Paris, a demandé à la mairie de « stopper l’opération publicitaire d’Ikea et de mettre ses actes en conformité avec le Plan Climat de la ville ».


Business is Business

Selon Le Parisien, Ports de Paris, qui "loue" l’espace, n’a pas du tout pris en compte la fureur des élus. « Pour nous, c’est une commercialisation classique du domaine portuaire pour quelques jours dans le cadre d’un événement qualitatif ouvert au public ». Ils toucheront 5000€ pour l’occasion.

Ikea se défend aussi en expliquant à 20 minutes que « Cette opération qui a pour but de faire découvrir le bien-être à la suédoise a été organisée en accord avec la Mairie de Paris et conformément à la charte pour les événements éco-responsables dans la capitale. Le mobilier va être remis à l’espace seconde vie d’Ikea, les ampoules sont basses consommation et l’eau vient du réseau des eaux usées et elle est bien évidemment traitée ». Donc une opération ecofriendly selon eux !


Peut-être que cette prise de parole des élus correspond aussi à un coup de com’ de leur part, l’instrumentalisation d’une lutte "green" opérée par des élus qui pourtant font campagne à grands coups d’affichage sauvage sur les murs de la ville. « Nous sommes dans l’optique d’une ville sans publicité. Et nous n’avons pas libéré les berges des voitures pour y accepter la publicité », disait à titre d'exemple David David Belliard.