La viande éthique, ça existe ?

undefined 12 mai 2017 undefined 00h00

La Rédac'

Vous connaissez tous au moins un végétarien ou un vegan dans votre entourage non ? Leur décision repose habituellement sur ces raisons : exploitation industrielle, exploitation des ressources, impact environnemental, et puis surtout souffrance animale.

C’est le collectif Les Parasites qui nous a inspiré cet article avec son documentaire parodique La boucherie éthique (et on vous le conseille vivement !). « Et si nous pouvions continuer à manger de la viande sans tuer les animaux ? » Ce qui nous amène à notre question : manger de la viande peut-il être éthique ? (Vous avez 4h).

Dans ce documentaire, on découvre un nouveau système de consommation où les animaux nous feraient don de parties de leur corps en échange de prothèses. Comme ça pas de tuerie, et toujours de la viande ! L'idée était naturellement de sensibiliser les foules par l'aberration et l'incohérence de ce système. Ce fake défend donc l'absurdité de parler d'une consommation éthique de la viande alors que les animaux seront toujours abattus.


Le retour à la viande ?

En contre-argument, vous entendrez qu’un régime sans viande peut s'avérer néfaste pour la santé ou qu’il est naturel d’en consommer puisqu’il en a toujours été ainsi. C'est le syndrome de la chaîne animale. Par ailleurs, en réponse au phénomène vegan, des voix s'élèvent pour nous expliquer, comme Camille, ex-végétarienne durant plus de deux ans, pourquoi elles recommencent à manger de la viande :

« J’ai lu Faut il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer et vu le fabuleux documentaire Forks over knives qui ont terminé de me convaincre que devenir végétarienne était le choix le plus juste et le plus humain que je puisse faire. Ma première année de végétarisme a été très riche, j’ai complètement réappris à m’alimenter (j’avais une hygiène de vie catastrophique à ce moment de ma vie), j’ai appris à cuisiner, à faire les courses loin des géants de l’agro-alimentaire, et surtout j’ai commencé à manger mes légumes. J’ai découvert des restaurants fantastiques, et surtout plein de nouveaux goûts (les pousses germées ! le kale ! le kombucha !). Ma seconde année de végétarisme a été beaucoup plus difficile. J’ai commencé à faire beaucoup plus de sport, j’ai vécu des situations hyper stressantes, professionnellement et personnellement. Mon alimentation s’en est ressentie et j’ai commencé à perdre beaucoup de poids. En résumé, j’ai terminé avec un début de dépression tout en pesant 42 kilos (mon poids de forme étant facilement 10 kilos au-dessus). Pas d’anorexie, simplement du surentrainement et beaucoup de stress qui avaient conduit à ce résultat. Une visite catastrophique à la médecine du travail et deux prises de sang plus tard, j’ai décidé, avec le support de mes amis (merci Steeven!), que la meilleure solution était de réintroduire la viande dans mon alimentation », écrit-elle sur son blog

Pour autant, elle ne s'alimente plus du tout comme avant, et suit les préceptes de tout "viandard" un tant soit peu soucieux de la cause animale

  • Réduire sa consommation et adopter le manger moins pour manger mieux 
  • Sourcer ses aliments
  • Consommer des viandes labellisées pour leur qualité et leurs conditions de vie améliorées
  • S’approvisionner chez un boucher qui ne vend que des produits locaux, élevés dans de bonnes conditions, nourris à l’herbe
  • Composer ses assiettes avec 80% de légumes et féculents, et 20% de viande qu'on limitera à quelques fois par semaine. 


De la viande à l'éthique

Une étude récente révélée par Elisabeth Laville, fondatrice du cabinet Utopies et d'un Observatoire de la consommation responsable et du site Mescoursespourlaplanete.com, montre bien l'impact et cette prise de conscience des consommateurs : « 56% des consommateurs déclarent manger moins de viande depuis quelques années. Ils évoquent d'abord des raisons de prix (40%) et le fait que l'industrie agroalimentaire n'est pas assez respectueuse du bien-être animal (35%). Les points suivants évoquent le fait que la viande ne serait "pas bonne pour la santé" (31%), les scandales alimentaires (26%), les impacts négatifs sur l'environnement (16%), et enfin le refus de "manger un animal" (10%). » Difficile dans ces conditions de passer sous silence la question des conditions d'abattage...

S'il n'existe pas encore de label spécifique à ce propos, des ONG et des associations d'éleveurs, « furieux de savoir leurs animaux maltraités et mal abattus », bûchent sur l'idée d'un label éthique animal national. Ce(s) nouveau(x) label(s) devraient fournir des garanties sur la façon dont la bête a été élevée, nourrie, transportée et abattue, depuis la naissance jusqu'à la mise à mort.

Reste ce point a priori insoluble soulevé par Les Parasites : la viande éthique reste un paradoxe étant donné qu'elle implique la mort d'un animal. On parlera donc plutôt de consommation responsable« Je suis consciente de ce que manger de la viande veut dire. J'assume pleinement mon animalité [...] ceci étant dit il ne faut bien sûr pas s'arrêter là. Je ne veux pas manger de la viande à n'importe quel prix », explique une internaute. 


La solution in-vitro ?

Dans le futur, une éventuelle solution pourrait participer à résoudre ce paradoxe : fabriquer de la viande in-vitro sans toucher à un animal vivant. Ce n’est donc techniquement pas de la viande mais plutôt un morceau de muscle créé à base de cellules souches de myoblastes. Si l’on envisageait une commercialisation, il faudrait accroître les rendements des cultures de ces cellules grâce à un incubateur géant et améliorer la technologie pour lui redonner un meilleur rendu nutritionnel et sensoriel. Une piste à suivre...