Non, ce n'est pas une (mauvaise) blague : dans certaines entrées de parkings souterrains parisiens, si vous entrez sans badge, vous pouvez avoir la (mauvaise) surprise de vous faire arroser d'eau. Et ce, pour dissuader les personnes sans-abri de s'y nicher.
Tant pis pour les livreurs, les voisins, techniciens, visiteurs, et pour tous ceux qui veulent se protéger du froid, le tarif sera le même : plusieurs jets d'eau glacée. Une de ces "douches" se trouve notamment dans le 1er arrondissement, près de la rue de Rivoli.
Contactés par Le Parisien, les riverains et employés du quartier s'expliquent : « Quand le jet ne fonctionne pas, ils viennent uriner dans l’entrée du parking et vous n’imaginez pas l’odeur, surtout l’été. C’est insupportable », « Lorsque vous sortez avec vos enfants et que la porte du parking s’ouvre sur quelqu’un en train de faire ses besoins, ce n’est pas très agréable »,« Et puis certains sont très agressifs, voire violents ».
Une petite douche glacée de bon matin ? Inventif, le système d'éloignement des sans-abri... ð³ #SoyonsHumains @Abbe_Pierre @EMMAUSolidarite pic.twitter.com/k3D31SwcIk
— Anne Simonot (@AnneSimonot) 6 décembre 2017
Une goutte de plus dans l'océan des dispositifs anti-SDF qui se multiplient dans les grandes villes françaises : rebords inclinés, picots, rebords jonchés de pierres, bancs avec accoudoirs ne sont pas installés pour le confort visuel de l'urbain moderne mais bien contre ceux qui n'ont pas d'endroit ou se (re)poser.
En réponse, la fondation Abbé Pierre lance sur les réseaux le hashtag #soyons humains, invitant toute personne à photographier les dispositifs anti-SDF dans 4 métropoles (Paris, Lyon, Marseille et Montpellier) et dénoncer ces nouvelles installations qui rélèguent les valeurs d'humanité et de bienveillance au rang de souvenir lointain. Les publications sont recensées sur le site éponyme.
L'association souligne au passage que le nombre de personnes sans domicile fixe a augmenté de 50% entre 2001 et 2012, et que plus de 2 000 personnes meurent dans la rue chaque année en France.
« Ce n'est pas parce qu'on n'a plus rien qu'on n'a pas le droit de se reposer, de se laver, d'aller aux toilettes », a déclaré Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé Pierre. Le slogan de la campagne appelle à la recherche et à la mise en place de nouveaux logements plutôt qu'à la répression agressive : « Au lieu d'empêcher les SDF de dormir ici, offrons-leur un logement décent ailleurs ».