Journal d'une confinée : day 4

undefined 19 mars 2020 undefined 17h43

Carla Thorel

9h20 - Eh m*** je commence à télétravailler dans 10 minutes, c’est encore pire que quand je dois aller au boulot en métro… Pour être tout à fait honnête, je ne peux pas parler de panne de réveil ce matin. Non, c’est pire. Quand je sais m’être couchée à 3h30 les yeux asséchés, et le cerveau déconnecté devant une série dont je ne comprenais plus l’intrigue et encore moins pourquoi untel est sorti avec unetelle alors qu’il était en réalité amoureux d’untel. Bref, mon réveil tardif de ce matin est pleinement assumé. Mieux encore, depuis quatre jours maintenant j’ai l’impression de vivre la vie que je n’ai jamais osé mener : celle d’une flemmarde confirmée. Dormir, manger, geeker, dormir, lire, geeker, manger, ah oui ! Et télétravailler ! M*** j’ai encore trop rêvassé, voilà qu’il est 9h25...

9h47 – Ils n’y verront que du feu, je peux dire que j’ai eu un problème d’ordinateur, oh, puis à quoi bon, mes collègues n’ont sûrement même pas remarqué que je n’étais pas connectée. Je porte les mêmes vêtements que la veille, peut-être même l’avant-veille d’ailleurs... Bah quoi ? Ça non plus ils ne peuvent pas le remarquer. Puis je suis confinée, je vous laisse deviner qu’aucun footing n’a été fait… Bon allez, assez bavarder, bois une bonne gorgée de café et va travailler.

13H – J’ai bien avancé. Il ne m’aura pas fallu plus de deux tasses et demi de café filtre mal dosé pour me réveiller. J’ai écrit un article sur une application de quartier qui met à l’honneur l’entraide entre voisins. Ça m’a donné à réfléchir. C’est vrai qu’on vit une drôle de période ici-bas... J'ai aussi écrit sur des séries, des séries pour passer le temps à toutes les occasions de la vie, une pour pleurer, une autre pour rire ou encore une autre pour aimer. Ah les séries... ça je connais, et on peut même dire que j’en ai bouffé. Bref, c’est quand même agréable d’être avachie dans son canapé pour bosser. Pas vrai ? Ah et si vous vous demandez, ce matin mon arrivée tardive (enfin l’ouverture de mon ordinateur, ça vous l'avez compris) s’est faite remarquer. « C’est fou, tu arrives en retard même en confinement » m'a-t-on dit. Je l'ai pas volée celle-là.

Je ne sais pas trop quand  ? – La faute à Facebook, Instagram, mon chien trognon ou à mon cerveau trop lent dans un corps trop mou… J’ai carrément perdu la notion du temps à partir d’ici. C’est ça le problème du confinement, tout passe très vite mais aussi très lentement. Je sais avoir travaillé de manière plus ou moins acharnée avec mon casque au volume quasi maximal sur les oreilles (imaginez un paresseux qui se prélasse sur une branche d’arbre, je n’étais pas très loin) et puis trou noir jusqu’à 16h12 précisément. Un pic d’énergie m'envahit et me réveille : j’ai comme l’impression d’avoir gâché ma journée et d’avoir une montagne de choses à faire en trop peu de temps restant. Tic tac tic tac...Je veux peindre, dessiner, bouquiner, faire du yoga, chanter, danser, mais comment diable ai-je bien pu en arriver là ?! Je n’ai toujours rien fait de ma journée. Le confinement m’apparait finalement comme horriblement frustrant. Une obligation à la « détente »,et une fausse invitation à « faire ce qu’on n’a jamais eu le temps de faire »… Mais comment fait-on au juste lorsqu’on est censés avoir le temps de prendre son temps alors que même là on ne trouve pas le temps ? Arrff.

17h 26 - À l’heure où j’écris ces mots, j’ai un tantinet récupéré ma journée. Un bol de céréales englouti au soleil, un appel Facetime passé au même endroit et pas moins de 70 pages dévorées d’un bouquin qui à s’en fier à son piteux état, a assurément été volé à la bibliothèque du collège…. Il s’agit de La Chamade de Françoise Sagan. J’aime bien Françoise Sagan. C’est ce qui m’a - en plus de mon irrésistible envie de combler ma journée - décidé à ouvrir la première page de ce livre tout abîmé. Bref, je continue sur ma lancée de glandeuse déjà bien tracée. Peut-être que le jour 5 sera plus...Ou moins… Enfin bon. À demain !