Les Français·es font de moins en moins l’amour, selon cette étude

undefined 6 février 2024 undefined 17h17

Flora Gendrault

Il y a peu, Macron nous bassinait à coup de « réarmement démographique », un discours réactionnaire pointant du doigt la diminution du nombre de naissances sur le territoire français. Nous, on l’imputait au sentiment d’inquiétude lié au futur incertain d’une planète meurtrie par le réchauffement climatique… Et si on se plantait sur toute la ligne ? Et si, finalement, c’était juste parce que les Français·e·s ne passent presque plus à la casserole ? En tout cas, ce sondage Ifop sème le trouble.

Publié ce mardi et réalisé auprès d’un échantillon de 1 911 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus, il constate une grosse baisse de régime chez la sexualité des Français·e·s, en particulier les 18-24 ans. Mais pour quelles raisons donc la jeunesse boude l’acte charnel ? 


Un « recul sans précédent »

En 2006, 87 % des Français·es déclaraient avoir au moins un rapport sexuel ces 12 derniers mois. Aujourd’hui, ils ne sont aujourd’hui que 76 %. Un « recul sans précédent », souligne l’institut de sondage. Et chez les jeunes, l’écart se creuse : parmi celles et ceux qui ont déjà eu un rapport sexuel, 28 % affirment ne pas avoir eu de rapport depuis un an contre seulement 5 % en 2006.  Des chiffres qui varient selon le genre : les femmes seraient plus inactives sexuellement que les hommes, à 26 % contre 22 %. La tendance est aussi à la baisse s’agissant de la fréquence des rapports : si près de 4 Français sur 10 rapportent avoir, en moyenne, un rapport sexuel par semaine en 2024, ils étaient près de 6 sur 10 en 2009


Déconstruction des injonctions au sexe 

Et non, contrairement aux idées émises par notre cher président obsédé par la natalité, ces résultats ne sont pas forcément négatifs. Les Français·es semblent en effet se détacher de certains carcans liés à la sexualité et de certaines injonctions. D’après les chiffres, les femmes se plient de moins en moins au devoir conjugal. En 1981, elles étaient 76 % à faire l’amour sans en avoir envie, aujourd’hui, elles sont 52 %. Un taux encore beaucoup trop élevé, vous en conviendrez. Espérons que la tendance se poursuive et s’accélère. L’étude parle également d’une « dissociation croissante » entre conjugalité et sexualité. Elle transparaît par exemple dans « la popularisation du principe selon lequel on peut vivre avec quelqu’un sans avoir de rapport sexuel ».

Oui, mesdames, messieurs, ce n’est pas parce que vous couchez tous les mois que votre couple bat de l’aile. On pourrait pourtant croire le contraire en regardant l'une des dernières vidéos de Tibo InShape. Le Youtubeur a invité la sexologue controversée Thérèse Hargot (femme catholique de droite, pro-Manif pour Tous), laquelle a enchaîné les arguments assimilés à la culture du viol devant ses 15 millions d’abonnés pour expliquer que le rythme minimum pour un couple qui fonctionne, c’est une fois par semaine. Passez votre chemin, Tibo est juste un macho réac qui choisit très mal ses invité·e·s pour parler de sujets on ne peut plus sérieux. 


J'peux pas, j'ai GTA 

Plus inquiétante, toutefois, est l’influence des écrans sur la libido des Français·es, notamment celles et ceux en couple. Chez les jeunes de moins de 35 ans vivant à deux sous le même toit, la moitié des hommes (50 %, contre 42 % des femmes) reconnaissent avoir déjà évité un rapport sexuel pour regarder une série ou un film. Ces hommes sont aussi 53 % à avoir déjà préféré les jeux vidéo au sexe, et 48 % les réseaux sociaux de partage de photos ou de vidéos. Alors comme ça, un écran vaut mieux qu’un orgasme ? Curieux.