D'où vient le cliché du Parisien béret / baguette ?

undefined 12 octobre 2015 undefined 00h00

La Rédac'

Pourquoi cette saleté de chapeau de fromager et cette maudite tradition ? Montebourg en marinière, voilà une façon de représenter le Français franchouillard. Mais c'est surtout à l'étranger que ce cliché a la dent dur. "The Economist" déguisait en 2013 Obama en Français et ce en l'affublant de ce fameux duo béret / baguette sous le bras. Pourquoi ? C'est la question soulevée par le blog Il était Paris qui revient sur l'origine de ces clichés emblématiques du Parisien tel qu'on se le représente à l'étranger. 

1. Le béret

Un cliché pour lequel nous pouvons remercier les vendeurs ambulants d’oignons bretons ! En effet, ce sont majoritairement eux qui vendaient en Angleterre les oignons de Roscoff (Finistère) des années 1830 à la Seconde Guerre mondiale. La plupart d'entre eux étaient coiffés d'un béret, couvre-chef très populaire dans la France de l'époque. Ces vendeurs étaient omniprésents au Royaume-Uni où ils étaient surnommés "Onion Johnny" (Jeannot aux oignons). Ils incarnaient l'image que se faisaient les Anglais de l'époque des Français. La vente d'oignons de Roscoff a fortement diminué au cours du XXe siècle, mais ce cliché lui a survécu et s'est même exporté. En hommage aux Johnnies disparus, un musée qui leur est consacré a même ouvert en 2004 dans la ville de Roscoff !

2. La baguette de pain

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la baguette n'existait pas et le pain se présentait sous forme de miche ou de boule. Pourquoi une telle transformation ? La légende voudrait que ce soit Napoléon qui en soit à l'origine : il souhaitait que le pain soit plus facilement transportable par ses soldats, qui pouvaient ainsi le conserver dans leur poche, le long de leur pantalon. Hélas c'est faux, la véritable origine de la baguette remonte aux années 1830-40 avec l'introduction en France du pain viennois, de forme allongée et conçu à partir de levure de bière, et non de levain. Elle a rapidement plu aux Parisiens, bien qu'elle soit longtemps restée l'apanage des aristocrates car difficilement conservable.

Le bonbon

Pour finir cette épopée de la baguette, c'est dans les années 20 qu'apparaît la baguette moderne. A l'époque, un règlement insensé (parmi beaucoup d'autres) interdisait aux boulangers de travailler avant 4 heures du matin, les empêchant au passage de réaliser leur traditionnelle boule de pain qui demandait une très longue préparation. Ce n'était pas le cas de la baguette sur laquelle les boulangers se sont rabattus, supprimant au passage le lait de la recette pour en diminuer le coût. La baguette devient alors très populaire et même le symbole du Français qui va tous les jours acheter sa baguette. Cette image est exportée à l'international par les industriels du pain dans les années 60 : cherchant à conquérir les marchés étrangers, ils utilisèrent l'image de la baguette comme celle de la France et de Paris et... celle-ci est restée!

3. La marinière

Initialement, le tricot rayé, bien avant d'être baptisé marinière (ce terme désignait à l'époque une blouse sans rayures avec un col marin), servait de sous-vêtement pour les matelots d'équipage. Personne ne l'aurait destiné à l'époque à un avenir si glamour. Mais Coco Chanel n'était pas du même avis : dès les années 1916 elle lança la mode de la marinière (la blouse unie avec un col marin) tout en portant elle-même le fameux tricot rayé (qui n'est jamais apparu dans ses collections pour autant). C'est au tour d'Yves Saint Laurent de se saisir ensuite du fameux tricot en 1966 en le propulsant au premier rang dans sa collection "matelot". Puis Jean Paul Gauthier se réapproprie ce tricot rayé désormais appelé marinière dans son premier défilé en 1978. Tous ces grands noms de la mode ont contribué à associer dans l'imaginaire collectif la marinière à la mode parisienne, relayés par de nombreuses célébrités françaises ayant participé au rayonnement international de cette image.

Marion Carré, pour Il était Paris

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Bibliographie :
Musée national de la marine, Les marins font la mode, Gallimard, 2009