Rencontre avec le Centre Ressource qui aide les Parisien(ne)s à vivre avec le cancer

undefined 30 novembre 2017 undefined 16h22

Camille H

Ouvert en octobre dernier, le Centre Ressource Paris, calqué sur celui d’Aix-en-Provence inauguré en 2011, propose un programme d’accompagnement thérapeutique personnalisé pour les personnes touchées par le cancer. L’essence du projet est d’aider, à travers divers ateliers, chaque malade à puiser dans ses propres ressources pour mieux vivre avec le cancer.


Quand on entre dans la salle du Centre Ressource niché rue de Vaugirard, on se croirait dans le salon chaleureux d’une grande maison familiale. Il y a d’épais fauteuils, des étagères remplies de livres en tout genre et un coin thé ou café pour les pauses goûter. « Bienvenue, je prends votre manteau, vous êtes trempée ! » Tout sourire, Marine, bénévole, officie à l’accueil et s’assure que chacun se sente bienvenu. Sur place, Fanny Rault, la directrice des lieux, nous attend. « Ici, c’est un lieu non médical, c’est un pas de côté dans la vie du malade, il faut que ce soit chaleureux. »

centre ressource-paris© Bertrand Corbara - Fondation Cognacq-Jay

Au Centre Ressource, l'idée est d’aider les personnes touchées par le cancer à se ressourcer et à mieux vivre avec ou après la maladie. « Le but est de diminuer au maximum l’impact de la maladie sur le quotidien et la qualité de vie. Et aussi les effets secondaires du traitement », poursuit Fanny. Depuis l’ouverture par la Fondation Cognacq-Jay il y a un peu plus d’un mois, une quarantaine de personnes ont participé à 66 ateliers collectifs et 59 individuels.


Des ateliers pluridisciplinaires pour mieux vivre avec le cancer

Le Centre Ressource propose, du lundi au vendredi de 10h à 18h dans deux salles mises à disposition, des séances de massage, yoga, sophrologie, pilates, réflexologie, hypnose ou ostéopathie, mais aussi des groupes de parole. Les soignants viennent bénévolement, munis de leur diplôme bien sûr, mais surtout d’une expérience auprès d'un public malade. « C’est Véronique Durouchoux, psychologique clinicienne et psychanalyste à l’origine du centre, qui m’a contacté pour bénéficier de mon approche », raconte Philippe Bregeat, ostéopathe bénévole au centre. Ce praticien qui officie dans son cabinet du 4e tente d’apprendre aux malades à écouter leurs corps. « Il faut un touché, une patience, être très attentif. Bien sûr on doit connaître leur histoire. Un ostéopathe classique s’impose. Là, ce sont les tissus qui s’imposent, c’est à moi de les comprendre. »

osthéo-séancesPhilippe Bregeat, ostéopathe bénévole au centre en séance avec Marc © Le Bonbon

Philippe doit s’adapter à un corps déjà meurtri par des traitements extrêmement agressifs. « L’ostéopathie, c’est déjà une approche invasive, ils ont déjà leur traitement qui est très lourd. C’est une manipulation risquée, on peut tomber sur une métastase. Là, c’est un mécanisme involontaire basé sur la perception du système membraneux. » L’ostéo raconte avec passion des séances où certains patients ressentent subitement leur corps. « Une fois, pendant une séance une femme m’a dit : "Tiens, je ressens mon cœur battre." » Pour Philippe, venir au Centre Ressource entre ses consultations au cabinet, c’est une vraie bulle à part, une respiration. Le soignant précise que, bien sûr, « l’ostéopathie ne soigne pas le cancer, mais va aider les malades à retrouver l’autonomie de leur corps, à retrouver confiance. »


Un lieu de vie et de partage

Marc connaît bien les séances d’ostéopathie. « J’ai aussi fait du yoga, du pilates, de la réflexologie et de l’autohypnose. Ce sont des disciplines qui permettent de se centrer. Ça apporte un bien-être, une espèce de résilience» Ce grand gaillard au regard clair a appris en mai dernier qu’il avait une tumeur au cerveau. Dans quelques semaines, après avoir été opéré, il va entamer une chimiothérapie. « Ici, on se sent bien. Le salon est investi en dehors des ateliers. Heureusement, on ne parle pas que de la maladie, ce n’est pas l’idée, justement. Il y a beaucoup de bienveillance. Chacun partage ses connaissances, on échange beaucoup. » La bienveillance est un mot qui revient beaucoup au sein des murs du Centre Ressource. « Ce lieu est un point d’appui dans le cadre d’une démarche médicale. L’Etat et le monde hospitalier ne peuvent pas avoir toutes les réponses. C’est un soutien ponctuel destiné aux personnes atteintes par tous types de cancer, peut importe le stade de la maladie, mais c’est aussi pour les proches », ajoute Fanny Rault.

centre ressource© Bertrand Corbara - Fondation Cognacq-Jay

Le Centre Ressource accueille aussi toutes les semaines une conseillère conjugale pour aider les couples qui traversent cette épreuve. Des ateliers de mise en beauté, de stylisme, ainsi que des séances de soutien psychologique permettent aux malades de reprendre confiance, de mieux vivre. « On est à un moment dans notre vie où on doit vraiment prendre soin de nous, se recentrer, c'est nécessaire », ajoute Marc avec conviction. Le Centre Ressource accompagne, invite à porter un autre regard sur le cancer. L’accès au lieu est gratuit, avec une participation libre et appréciée par l’équipe qui est toujours à la recherche de fonds publics et privés pour agrandir le site et développer le projet. En janvier, des ateliers de coaching professionnel devraient voir le jour. « Le retour à l’emploi est fondamental. Certains ont perdu leur travail ; ont du s’adapter, réapprendre. D’autres appréhendent tout simplement d’y retourner, se demandent s’ils seront à la hauteur », explique la directrice. Dans le futur, l’équipe souhaite également ouvrir le samedi et proposer des horaires plus flexibles pour pouvoir accueillir un maximum de personnes. « Il faut encourager ce genre de lieu à exister, c’est important, vraiment », conclut Marc, tourné vers l’avenir.