Ces Parisiens qui se baignent dans les bassins du Trocadéro

undefined 15 juin 2017 undefined 18h07

Tiana Rafali-Clausse

Se baigner devant le Louvre, faire une pirouette dans les bassins du Palais de Tokyo, nager devant les jardins du Trocadéro… Une utopie ? Pas si on connaît la bande de Blueparallax, qui transforme ces spots d’ordinaire réservés aux balades en piscines urbaines sauvages. On les a rencontrés entre deux sessions pour nous expliquer cet amour de l’eau trouble.


Il y a Benoit, Sophie, Manon, Paul, Magalie et Adrien. Quand on leur demande comment on arrive à nager dans Paris, l’histoire est aussi surprenante que singulière. « On se connaît tous grâce à l’apnée, notre passion commune. On s’est rencontrés en compet’ ou en en club. Moi par exemple, je suis une des coachs de Benoit, un des meilleurs apnéistes français », explique Sophie. Moyenne d’âge ? 25 ans et toutes leurs dents.

Ils sont tous tombés dedans quand ils étaient petits et depuis, ils partagent ensemble leur amour de l’eau. Seulement, pas évident d’assouvir ses envies de baignade quand on habite en ville, encore moins dans notre capitale chérie. « On a toujours fait des expéditions dans les montagnes ou d’autres endroits à plusieurs kms d'ici, en prenant des photos immergées, puis un jour on s’est dit pourquoi ne pas le faire aussi à Paris ? », raconte Benoit.


Des baignades sauvages "tolérées"

C’est vrai, pourquoi pas ? Bien sûr, ce genre de baignade "sauvage" n’est pas autorisé mais disons, toléré. La bande prend tout de même des précautions, plus pour être tranquilles et faire de jolis clichés que par peur de se faire choper le corps dans l’eau. Il faut quand même veiller à ce que tout ne parte pas à vau-l’eau, cela va sans dire.

« Avant chaque expédition, qui démarrent en général vers 4h du mat’, on fait des repérages. Souvent c’est Manon, l’architecte et photographe du groupe, qui repère des spots sympas. Il faut réfléchir à l’endroit où on pose nos affaires, gérer les détails logistiques et de configuration pour les photos, avoir en tête l’endroit où sortir vite en cas de pépin… On ne peut pas se baigner sans réfléchir », tempère Sophie. D’ailleurs, ils sont tous secouristes. Alors les enfants, ces jeux mouillés ne sont pas à reproduire à la maison. La coach continue : « en plus de tout ça, il faut veiller à ne pas se blesser, notamment avec des bouteilles en verre ».


Pour une ville ouverte à la baignade urbaine

Effectivement, les bassins parisiens sont plus des puits de déchets que des cures thermales, et c’est bien dommage. Au-delà d’être comme des poissons dans l’eau, ce que les copains de Blueparallax veulent c’est la propreté de l’eau parisienne. « On espère que les gens vont prendre conscience qu’il faut arrêter de salir les bassins parisiens. Peut-être qu’en voyant d’autres personnes se baigner dedans, ils vont arrêter de les prendre pour des poubelles géantes », se laisse à rêver Sophie.

« Par exemple, le week-end dernier, on est allés au canal de l’Ourcq et en nous voyant faire, d’autres badauds se sont jetés à l’eau », détaille Benoit.

Alors demain, la Ville Lumière sera peut-être comme Londres ou Berlin, c’est-à-dire une ville ouverte à la baignade urbaine. Les copains s’y voient déjà en tout cas, et nous aussi, je vous avoue : « En plus du bassin de la Villette - ouvert aux nageurs dès cet été -, on pourrait créer une zone de baignade à Boulogne ou à Vincennes ». Anne, si vous nous lisez…

En attendant de pouvoir se mettre en maillot et barboter à chaque coin de rue, on peut se rafraîchir avec ces prises de vue aquatiques et insolites de Paris. Plouf !