Jackie : c\'est bien c\'est beau c\'est chiant

undefined 6 février 2017 undefined 00h00

Louis Haeffner

Ne sachant pas du tout comment débuter cet article et détestant réellement dire du mal d'un film, je vais commencer par en dire du bien. Jackie est un beau film, absolument réussi et maîtrisé d'un point de vue cinématographique. C'est juste que son sujet, Jackie Kennedy, du moins cette très courte période de sa vie, est chiante comme la mort.


Si l'on devait identifier un problème dans le film de Pablo Larraín, ce serait en fait assez compliqué. Tout est plutôt cohérent, Natalie Portman est excellente et fait une candidate très crédible à l'Oscar de la meilleure actrice, la photo est superbe, la construction du récit, sur trois temps, bien pensée... Qu'est-ce qui déconne alors ? Le sujet ? Pas exactement.

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Jackie Kennedy en elle-même aurait été, si le réalisateur avait choisi d'en faire un véritable biopic à la progression linéaire, sur un vaste période allant par exemple de son mariage à sa mort, un personnage avec une histoire assez riche pour en faire un film inoubliable, avec tout ce qu'il faut dedans : addictions, sexe, politique, Histoire... Mais en lieu et place du film ambitieux et épique auquel on était en droit de s'attendre avec un tel titre, on fait face à un véritable "portrait filmique", avec tout ce que ce néologisme comporte d'immobile et de conceptuel. Un format intéressant, certes, mais malheureusement quelque peu soporifique.

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Car regarder Jackie, de près et de face, avec son accent si typique, se rémémorer pour un journaliste la semaine ayant suivi l'assassinat de son mari pendant près de deux heures, a quelque chose non seulement de répétitif, mais enfin de purement et simplement triste. Cette sensation donne d'ailleurs ses couleurs passées au film, volontairement sombre, sans éclat. Heureusment que Natalie Portman est d'une beauté et d'une fragilité à couper le souffle, et que certains plans saisissants de réalisme et d'immédiateté (la voiture présidentielle filmée de derrière, dans un silence assourdissant), couplés à l'intégration habile d'immages d'archives, sauvent le film de l'ennui le plus plat.

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Jackie qui organise les funérailles, Jackie qui noit sa tristesse dans le vin, Jackie gérée par Bobby... Tout ça est bien filmé, avec beaucoup de sensibilité, c'est beau, vraiment, mais on baille, on regarde sa montre, on attend que ça démarre. 

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Pablo Larraín, c'est vrai, filme la tristesse et l'incompréhension existentielle comme personne. Il y a dans Jackie une véritable vision, quelque chose de nouveau et de très intéressant, porté par un réalisateur dont on va certainement beaucoup entendre parler dans les prochains temps. En attendant, Jackie, tu nous ennuies. 


Jackie
, de Pablo Larraín

Avec Natalie Portman
En ce moment en salles