[ITW] Le feu brûlant de Macadam Crocodile

undefined 22 septembre 2020 undefined 12h29

Sarah Leris


Ça a commencé comment Macadam Crocodile ?

Vincent : On a commencé en 2015 de manière récréative, chez nous, à faire des jams dans des petits clubs ou à jouer pendant 3h dans des petits bars comme les Triplettes de Belleville, avant de jouer dans des plus grandes salles comme le Bus Palladium ou le Pop Up du Label. Mais Macadam Crocodile en tant que groupe existe véritablement depuis 2017, quand on lui a donné un nom, qu’on a voulu officialiser la chose.

Xavier : Avant ça on avait un groupe de blues ensemble au lycée dans les Yvelines, et on est toujours restés potes depuis.


Pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de sortir un premier EP ?

Vincent : C’est sur scène que le groupe s’est développé artistiquement. Au début on arrivait sur scène avec quelques boucles et on devait tenir je ne sais pas combien de temps, alors on voyait en live comment les mixer, comment créer par-dessus, comment créer une dynamique et une surprise… C’était une bonne ambiance disco/impro, toujours dansante. Au final, il y a des mélodies qui se sont créées, se sont répétées, et se sont affinées au fur et à mesure des lives.

Xavier : Surtout, le projet n’était pas de faire des disques mais de faire de l’impro. Les morceaux ont fini par exister au bout d’un certain temps, et on s’est dit que ça vaudrait peut-être le coup d’enregistrer ça.


Vous avez enregistré cet EP en live lors d’une soirée au Badaboum en 2019, on entend d’ailleurs le public crier derrière.

Xavier : On trouvait que ça correspondait bien au projet, d’enregistrer en live avec les gens.

Vincent : C’est un peu la charte du groupe, on est un groupe live. Cet EP, c’est la photo authentique de ce qu’on est et c’est super qu’on entende les gens gueuler, c’est ce qu’on voulait, capter l’ambiance autour de nous. Le show, l’ambiance d’une salle, c’est comme un terrain de foot. La fusion d’un collectif au moment où tu fais la fête ne sera jamais pareille, et sur notre disque il n’y a pas l’image, la sueur de la salle ni les odeurs, mais c’est un aperçu de ce qu’on peut ressentir quand on vient nous voir en concert.


Vous avez tous les deux plusieurs autres projets à côté. Macadam c’est un moyen de réaliser vos petits fantasmes  ?

Xavier : C’est né un peu comme ça, à la base c’était récréatif. Sans stratégie. Moi j’avais Gush, Vincent lui tournait avec Izia, et on voulait se retrouver d’une manière ou d’une autre.

Vincent : Il y avait quelque chose de plus cadré dans nos autres projets, il y avait moins de place pour l’improvisation, alors qu’avec Macadam on ne savait pas combien de temps on allait jouer, on ne savait pas quand le mec du bar allait nous demander d’arrêter… On pouvait se lâcher.


Et ce côté récréatif des débuts, vous l’avez toujours ?

Xavier : Grave. Maintenant on tient un truc super, les gens sont excités, on joue dans des endroits plus grands. On s’est dit que si on voulait continuer ça, il fallait qu’on fixe les choses, d’où l’idée de centraliser nos enregistrements dans un EP. Ça nous permet de condenser les impros, et de pouvoir jouer en festival par exemple, où tu n’as que 45 minutes de set et pas une de plus.


Êtes-vous nostalgiques d’une époque que vous n’avez pas connue, où la fête et la danse étaient plus désinhibées ?

Xavier : Si tu te sentais mieux dans ta vie avant c’était peut-être mieux, sinon il n’y a pas de raison. L’homme évolue dans sa vie, toutes les périodes que j’ai vécues je les ai vécues pleinement. Après la manière de faire la fête est différente aujourd’hui, avant c’était plus trash, on voulait aller au bout de la night plus qu’autre chose.

Vincent : On idéalise un peu trop le passé. Aujourd’hui il y a des lieux où tu peux faire la fête et t’amuser, et dans 10 ans on parlera de ces lieux en oubliant qu’on s’y est fait chier 9 soirées sur 10.


Faire danser, c’est le but principal de votre musique ?

Xavier : Dès lors qu’on a commencé à jouer en public, on a eu cette volonté.

Vincent: Avec Macadam Crocodile on voit que les gens se lâchent complètement, on lève les yeux, on regarde le public et on voit par exemple Jean-Yves, 50 ans, qui se défoule et qui n’a jamais dansé comme ça de sa vie. C’est hyper motivant pour nous. Un morceau qui est censé durer 5 minutes, on le continue, on le continue, parfois pendant une demi-heure, jusqu’à ce que le public en ait marre !

Xavier : Ça va même au-delà de la danse, on a envie d’être en transe avec les gens, et ça nous fait du bien. Dans ce monde surconnecté, d’un coup pendant un concert on se sent loin de tout, on est à la fois dans une introspection et à la fois dans le partage avec le public. 


La musique prend donc une place plus importante que les paroles.

Xavier: À la base oui, je ne faisais que des bruits, des onomatopées ou du yaourt, et puis à un moment j’ai du me poser pour écrire des paroles, pour donner un sens et un son à la chanson. C’est marrant que tu nous dises ça car maintenant on trouve qu’il y a beaucoup de chant par rapport à avant. Il faut dire qu’on vient de loin ! Maintenant ça donne un côté plus pop et ça ne me déplaît pas, au contraire.


Où est-ce que vous trainez à Paris ?

Xavier : Au Little Kitchen, un super restaurant rue de l’Église à Montreuil, et au Beers & Records Disquaire. Ils vendent des vinyles et de la bière locale, donc tout ce que j’aime. Sans oublier le 1999, on y a passé de bons moments.

Back in the Ring / Allo Floride