Michelle Williams et Kristen Stewart, touchantes de réalisme dans Certaines Femmes

undefined 23 février 2017 undefined 00h00

Louis Haeffner

Aller au cinéma, c'est souvent s'évader, se projeter le temps d'un film dans un monde différent de celui que l'on affronte tous les jours. Pourtant, comme en littérature, les plus grandes œuvres dépeignent souvent un univers très proche de celui que l'on connaît. Certaines Femmes nous plonge ainsi avec un réalisme puissant dans le quotidien de quatre femmes d'une petite ville du Montana.


Laura Wells (Laura Dern) est avocate. Depuis plusieurs mois, l'un de ses clients vient régulièrement la voir à son bureau concernant l'accident du travail qui l'a mis au chômage. Il faudra l'intervention d'un confrère pour qu'il comprenne enfin qu'il n'obtiendra pas réparation. Comme si sa voix à elle, sa voix de femme, ne trouvait aucun écho chez l'artisan.

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De son côté, Gina Lewis (Michelle Williams) est en pleine construction. Avec son mari, ils voudraient bien récupérer les blocs de grès qui trainent dans le jardin d'Albert, un des premiers habitants de la ville. Gina utilise le maximum de ses ressources pour convaincre le vieux monsieur, mais ne se sent pas très épaulée par Ryan. Un peu plus loin, Jamie (Lily Gladstone, très belle découverte !) s'occupe des chevaux du ranch pour l'hiver. Un soir, elle voit des gens entrer dans l'école communale, et les suit. Les cours d'éducation civique sont dispensés par une belle jeune femme, Beth (Kristen Stewart), qui fait chaque fois quatre heures de route depuis la grande ville la plus proche. A la sortie du cours, les deux jeunes femmes vont boire un café. 

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Kelly Reichardt, on le comprend en se penchant un peu sur sa filmographie, aime filmer les femmes. Ça tombe bien, elle le fait excellemment. Ici, ces quatre portraits sont sublimés, paradoxalement, par le paysage désolé de cette ville du Montana. Ce qu'on voit, c'est la rugosité de l'hiver, la nuit qui tombe tôt, les immeubles dépouillés de Livingston. Un dépouillement qu'on retrouve dans la mise en scène, extrêmement sobre, proposée par la réalisatrice. L'image est résolument pâle, le grain quelque peu vieilli.

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Pas ou peu de musique, mais on entend le piaillement des oiseaux, le ronflement des moteurs, la sirène aiguë du train qui traverse la plaine, tous ces sons qui viennent remplir le vide existentiel de nos quatre protagonistes. Pourtant il se passe quelque chose, il y a des rencontres, des interactions, mais l'impression de solitude et de résignation subsiste, comme si ces femmes avaient choisi un destin qui leur échappe car il est immatériel. Laura Dern, Michelle Williams, Kristen Stewart et Lily Gladstone, chacune collant rigoureusement à son personnage, sont merveilleuses de simplicité et de naturel.

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On regarde Certaines Femmes comme on lirait Zola ou Balzac - d'ailleurs le titre du film pourrait très bien être celui d'un roman naturaliste -, avec cette gravité dans le regard qui, à la fois, émeut et réjouit. La vie n'est pas toujours facile, mais elle réserve des moments de grâce que seules certaines femmes ont la force d'apprécier. 


Certaines Femmes, de Kelly Reichardt

Avec Kristen Stewart, Michelle Williams, Laura Dern, Lily Gladstone
En ce moment en salles