Interview : Raides d’Axelle

undefined 27 mars 2018 undefined 18h34

Olivia

« J’aime j’aime tes yeux, j’aime ton odeur… » ce tube d’Axelle Red nous colle toujours autant à la peau. Et pourtant, avec plus de cinq millions d’albums vendus, la chanteuse est loin de n’être que « sensualité ». Féministe engagée et artiste prolifique, elle revient avec Exil, un nouvel opus où elle aborde tous les thèmes qui lui sont chers. Rencontre avec une femme à la personnalité de feu !

Comment vous sentez-vous à la veille de la sortie de ce nouvel album ? Après 14 disques, ce sentiment a-t-il évolué ?

Oui, non, je ne sais pas… En fait, il n’est pas là le stress ; l’album est là, c’est l’essentiel. Il y a tellement de facteurs qui jouent pour que ce soit un grand succès. Un succès, c’est comme une grande chaîne avec des maillons, il suffit qu’un maillon manque et ça ne marche pas. Je suis assez sereine, on verra bien !

Cet opus a-t-il un thème particulier ?

Absolument. Comme mon précédent album Rouge Ardent, ce nouveau disque est sur le thème de l’exil. C’est un amour d’enfance que j’ai inventé, ils vont s’aimer jusqu’au bout, ils sont tous les deux assez idéalistes, lui ne supporte pas ce monde, alors il le quitte. Tout tourne autour de ce départ, des raisons… J’en ai profité pour regrouper tous mes thèmes parce que j’ai pour habitude de faire un album engagé, un album utopique et ainsi de suite, alors là j’ai décidé d’associer les deux.

Comment s’est passée la réalisation de cet album ?

J’ai écrit les textes et co-écrit la mélodie. C’est un cadeau à chaque fois qu’une mélodie vient (rires). Quand une mélodie arrive, on est content, on est reconnaissant, et on espère qu’elle nous plaira encore demain (rires). Pour la première fois, j’ai rapidement eu un bout de refrain, un bout de texte. C’était l’album le plus facile que j’ai eu à faire ! (rires)

Il semble y avoir un parfait équilibre entre les chansons plutôt pop-rock et les ballades. C’est un choix ?

J’ai toujours eu un immense plaisir et une facilité à faire des ballades. Il y a de l’émotion, c’est très inspirant, et le plus difficile à faire ce sont les chansons rythmées, mais il en faut et on en veut ! C’est comme un processus normal, après avoir fait un up-tempo, on fait une ballade et ainsi de suite… J’ai travaillé avec Dave Stewart (guitariste de Eurtyhmics, ndlr), on a fait trois chansons, et la première chose que l’on a faite ensemble c’est Gigantesquement belle, donc on a commencé avec une ballade. En fait c’est assez magique cet album, car pour certaines chansons, on les a eues en trois minutes ; le temps de faire une fois la chanson, on avait tout, les accords, la mélodie…

Après avoir enregistré vos albums à Nashville, Memphis ou encore Bruxelles, vous avez choisi Los Angeles cette fois-ci. Pourquoi ?

J’ai enregistré dans la maison d’un ami, une maison très belle, très artistique, très inspirante. Los Angeles me donnait un sentiment de nouveauté. J’aime bien cette idée de partir pour faire un album. On a besoin de rêver quand on crée. La réalité est très jolie, mais quand on crée, on a besoin d’être ailleurs.

Est-ce que votre rôle de juré dans The Voice vous a changé en tant qu’artiste ?

Ça m’a fait un bien fou de partager mes connaissances. Je n’ai pas de formation en tant que musicienne, je suis avocate à la base ! Avant, à chaque fois que je faisais une bonne chanson, je pensais que c’était un hasard parce que je n’avais pas de méthode, et le fait de transmettre toutes mes expériences, ça m’a confortée dans mon métier.

Ambassadrice de l’Unicef depuis 1997, vous soutenez aussi Handicap International et vous avez très tôt dénoncé les violences faites aux femmes. Que pensez vous du mouvement #MeToo ?

C’est un cadeau du ciel que tout à coup il y ait eu cette première femme qui commence à se livrer. Quand j’ai commencé à parler de féminisme, j’ai d’abord dit que c’était de l’humanisme. Il faut que l’on reste dans le juste. On cherche une forme de justice, une égalité de genre, des chances égales. Pour moi, tout le mouvement féminin est basé sur le mot “empathie” et sur l’humanité. Il ne faut pas qu’il y ait d’abus, nulle part. On n’est pas en train de créer ce mouvement pour qu’il y ait cette fois-ci des abus de notre part.

Vous y croyez à cette évolution ?

Je pense que la femme n’a jamais été l’amie de la femme, elle n’a pas naturellement une empathie pour elle, contrairement à l’homme. Ce n’est pas pour rien que le mot “fraternité” est bien plus utilisé que le mot “sororité“. Je suis contente avec ce mouvement parce que tout à coup les gens parlent, ça va beaucoup plus loin que les abus sexuels. D’ailleurs #Balancetonporc, je ne trouve pas ça très fin, et je pense surtout que les hommes sont avec nous dans cette lutte, il faut les inclure, et c’était ça qui était beau. Il y a beaucoup d’hommes féministes et on s’en est rendu compte. Le fait d’avoir les hommes avec nous montre que c’est de l’humanisme, que c’est quelque chose de juste.

Où peut-on vous croiser à Paris ?


C’est bizarre parce que j’ai habité à Paris pendant plusieurs années, et maintenant quand je reviens je me sens un peu comme une touriste ! Je ne peux pas dire que je fais encore partie de la ville comme je le faisais à l’époque.

Ce que vous préférez à Paris ?


Pour moi c’est la plus belle ville du monde, tout est beau à Paris. Pour créer j’ai beaucoup de mal ici, parce que je trouve qu’il y a moins de liberté qu’ailleurs à cause du poids de tous les grands écrivains, des compositeurs, alors qu’à Los Angeles par exemple, il y a un ciel ouvert, pareil à Bruxelles où il y a plusieurs cultures. A Paris, artistiquement, je suis bloquée, mais sinon j’aime bien la grandeur de cette ville, il n’y a pas plus chic que Paris !


Nouvel album Exil
Sortie le 16 mars 2018