Comment plusieurs milliers de parisiens ont-il obtenu un pass navigo à 18,80 € par mois au marché noir ?

undefined 31 janvier 2023 undefined 13h01

Auriane Camus

84,10 € par mois, c’est un sacré budget dans le portefeuille. C’est pourtant le prix à payer pour pouvoir accéder aux transports parisiens, depuis l’augmentation du pass Navigo le 1er janvier 2023. Son prix mensuel était auparavant de 75,20 €, depuis janvier 2017, et c’était déjà bien assez à payer.

Bien qu’on se demande tous les jours si le Pass Navigo est vraiment rentable, d’autres ne se sont pas posé la question et ont trouvé un moyen de le payer bien moins cher, en passant par le marché noir. Au moyen d’un réseau de trafiquants, il était possible d’obtenir un pass à 18,80 € par mois. Comment ? On vous explique.


Une arnaque à plusieurs millions d’euros

150 € : c’était le prix à payer pour pouvoir obtenir le Saint-Graal des Franciliens, au prix de 18,80 € par mois au lieu de 75,20 € à l’époque. Un tarif normalement réservé aux plus démunis, mais qui est devenu accessible à plusieurs dizaines de milliers de personnes grâce à l’arnaque d’un réseau constitué d’au moins quatre hommes.

Selon les informations du Parisien, entre 10 000 et 15 000 pass Navigo étaient ainsi obtenus chaque année. Les enquêteurs du département de lutte contre la criminalité organisée (DCO) sont remontés jusqu'à l’année 2019, mais pensent que l'arnaque est encore plus ancienne. On estime que plus de 45 000 cartes de transport ont été trafiquées au total. 

Un manque à gagner pour la RATP qui s’élèverait à près de 10 millions d’euros. Les quatre individus démasqués, âgés de 25 à 44 ans, devaient être jugés ce lundi 30 janvier au tribunal de Paris pour leur escroquerie, mais l’affaire a été renvoyée vers une chambre à spécialité financière.


Des fausses attestations CMU pour obtenir la réduction Solidarité

Ces pass Navigo étaient-il authentiques ? Oui. Les trafiquants créaient en fait de faux papiers pour permettre à leurs clients d'obtenir la Réduction Solidarité 75%, normalement réservée aux bénéficiaires de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS, ex-CMU), ainsi qu’aux chômeurs allocataires de l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS).

Les enquêteurs ont démasqué le réseau de trafic grâce à des annonces de « bons plans » sur les réseaux sociaux. Écrites en français ou en arabe, ces dernières proposaient des passes Navigo à prix cassé, obtenables via un simple numéro de téléphone et 150 € en complément.

Quatre hommes de nationalité égyptienne sont finalement confondus et interpellés à Paris ou en région, au cours de la semaine dernière. D’après Le Parisien, près de 65 000 fausses attestations de CSS ont été trouvées sur les ordinateurs perquisitionnés, ainsi que 200 listes de clients.