Une députée brandit une fiole pleine de punaises de lit à l'Assemblée nationale

undefined 4 octobre 2023 undefined 14h21

Flora Gendrault

Ce sont les stars du moment. Elles sont sur toutes les bouches, objets de toutes les rumeurs, présentes dans tous les tweets, et font cauchemarder même les plus vaillant·es des Parisien·nes. Les punaises de lit semblent proliférer dans la capitale, jusqu’à modifier l’agenda ministériel, s’immiscer dans le discours des politiques et faire l’objet de propositions de loi. Mathilde Panot, patronne des Insoumis à l’Assemblée nationale, a d’ailleurs interpellé le gouvernement de manière assez virulente en brandissant, pendant sa prise de parole, une fiole remplie de plusieurs nuisibles morts. La députée alerte depuis 2017 sur la hausse des cas de lieux infestés, sans plan d’urgence mis en place par le gouvernement pour répondre à ce « problème national de santé publique », selon elle. 


« J'ai alerté, vous m'avez ri au nez, vous n'avez rien fait »

« Faut-il attendre que Matignon soit infesté pour qu’enfin, vous réagissiez ? », a fustigé Mathilde Panot à l’intention d’Élisabeth Borne alors qu’elle interrogeait le gouvernement sur la stratégie à adopter face à la recrudescence des signalements, y compris dans les lieux publics (« hôpitaux, écoles, foyers de travailleurs, prisons trains… »). La députée a retracé les années au fil desquelles l’infestation des punaises de lit n’a fait qu’augmenter en France. 200 000 lieux infestés en 2017, 540 000 en 2019, 1,1 million en 2022, et tout du long, un gouvernement trop laxiste, qui lui a « ri au nez » et n’a « rien fait ».


Trois propositions de loi annoncées

En réponse, après avoir appelé à la « décence » de Mathilde Panot, la Première ministre a rappelé qu’un plan national de lutte avait été lancé par le gouvernement en mars 2022, basé sur la « sensibilisation » et « l’accompagnement des professionnels de lutte contre les nuisibles ». Toutefois, l’efficacité du plan a elle aussi été questionnée par Mme Panot, soulignant qu’il ne contenait qu’un « numéro vert », « une plateforme fantôme qui a depuis disparu » et « un observatoire annoncé qui n’a jamais vu le jour ». D'après Élisabeth Borne, une « réunion avec l’ensemble des ministères concernés » devrait se tenir dans les prochains jours. 

Trois partis politiques ont réclamé une nouvelle législation. Le président des députés Renaissance (parti présidentiel), Sylvain Maillard, a annoncé un texte transpartisan « début décembre » contre le « fléau » des punaises de lit. De son côté, LFI a annoncé une proposition de résolution, réclamant un plan national de prévention, un fonds d’urgence et la création d’un « service public de la désinsectisation », « gratuit et efficace », afin de contrer le « désespoir » causé par ces insectes. Enfin, le groupe socialiste a aussi exprimé son intention de déposer une proposition de loi d’urgence après construction d’un groupe de travail transpartisan. 


La France dans le viseur de la presse étrangère 

Alors que l'échéance des Jeux olympiques 2024 se rapproche à grands pas, les punaises de lit font une bien mauvaise réputation à Paris. La capitale devrait accueillir près de 16 millions de touristes lors de la compétition : la Mairie de Paris, elle aussi, a réclamé au gouvernement un « plan d’action » contre ce fléau. D’autant plus que la presse étrangère ne désamorce pas la psychose, mais appuie au contraire sur le stigmate qui définit Paris comme une ville « sale » : le Daily Mail, journal britannique, raconte par exemple son « invasion » avec une expression des plus flatteuses : « Ah, Paris – the City of Lice ! » (« Ah Paris la ville des poux ! »). Si la culture et la gastronomie de l’Hexagone font rêver à l’international, ce n’est définitivement pas grâce à ses nuisibles qu’elle brillera en 2024.