Les prénoms les plus populaires cette année

undefined 15 octobre 2015 undefined 00h00

Louis Haeffner

Aujourd'hui paraît "L'Officiel des prénoms 2016", la bible des futurs parents, le Talmud des femmes enceintes, le Coran des gens à mi-temps. Il semblerait, selon ce vénérable bouquin, que chez les garçons Léo fasse la course en tête, alors que chez les filles ce soit Louise qui décroche la timbale.

Dans ce magnifique opus, que trouve-t-on ? Le palmarès des prénoms les plus populaires, les tendances à suivre en cette matière, et plein d'infos discutables du genre « les Untel sont des êtres solaires qui ont une influence positive sur leur entourage. Généralement de grande taille, ils se découvrent précocement un attrait pour les sports collectifs de type basketball dans lesquels ils excellent grâce à leur tempérament solidaire et généreux. Les Untel possèdent une grande force de caractère, mais pour autant ne supportent pas l'isolement. Ils trouveront dans un compagnon à poils leur meilleur allié, ce qui les responsabilisera et les mènera vers de hautes fonctions dans le management ou la finance. » Voilà pour la source.

Léo et Louise à la pointe de la hype

D'après "L'Officiel des prénoms 2016" donc, qui a quand même le mérite de recenser toutes les naissances et d'offrir par la suite un classement avec la connivence, on l'imagine, des services de maternité du pays, Léo est le prénom masculin du futur et Louise le prénom féminin à la mode. C'est très bien, mais pourquoi ? Nous avons beaucoup réfléchi, et avançons ici un début d'explication. Une fois de plus, la hype est au cœur du problème.

Il semblerait que la plupart des jeunes parents choisissant "Léo" pour en affubler leur progéniture le fassent d'après une sorte d'admiration extatique pour un sombre chanteur/poète sudiste du siècle dernier, Léo Cap Ferret. Gros retour de hype du type dans les milieux branchés urbains, ses vinyles s'arrachent dans les brocantes et autres vide-greniers, du coup on se dit que c'est une référence cool et qui marquera son époque et on file le prénom à son rejeton. Un nom de chanteur/poète du passé pour un garçon, processus classique.

Pour les petites filles, le processus est quelque peu différent et repose sur deux piliers explicatifs. D'une part, le manque cruel d'imagination du genre humain, et particulièrement français, pousse ces derniers à piocher dans les blazes populaires des dernières années pour les adapter. Ainsi, "Louis" était très à la mode les dix années précédentes, on a donc décidé de le féminiser en ajoutant un "e", d'où l'engouement pour "Louise". D'un autre côté, la hype encore. Le rêve des petites filles est souvent de devenir princesse. Bon, c'est impossible. Actrice arrive généralement en seconde position, et nous avons en France une jeune et belle représentante de la profession du nom de Louise Bourgoin-Jallieu. Pareil, grosse hype de la meuf du côté du cinéma indépendant canadien, et du coup les futures mamans imaginent déjà la chair de leur chair expliquer plus tard à ses copines la subtile référence autour d'une table en mousse rigide, car cette matière sera revenue à la mode.

Nutella, Fraise et Mini-Cooper interdits

Alors là pareil, on a beaucoup réfléchi, mais impossible de trouver une explication logique à ce triple refus, imposé il faut le préciser par l'Etat civil. "Nutella", franchement ça sonne hyper bien, un peu latin, ça respire le soleil et la joie de vivre, et puis tout le monde aime le Nutella non ? Bon. "Fraise", on a déjà "Prune" ou "Pomme", alors pourquoi pas "Fraise" ? La question mérite d'être posée. Enfin Mini-Cooper, alors là en toute objectivité et bonne foi, depuis quand filer le nom d'une caisse à son gamin est un problème ? On vous rappelle quand même la prolifération des "Mégane" à la fin des années 90, ou encore celle des "Renaud" (avec une orthographe différente, certes) dans les années 80. De plus, "Mini" est un prénom, et "Cooper" également, de l'autre côté de l'Atlantique, alors pourquoi pas en faire un prénom composé ? L'association d'un prénom féminin et d'un prénom masculin pour un prénom composé n'a jamais présenté de problème au niveau linguistique, même si d'un autre point de vue, plus politique celui-là, "Jean-Marie" peut parfois faire couiner quelques portes...