« La liberté d\'importuner » : Et vous, vous en pensez quoi ?

undefined 11 janvier 2018 undefined 14h52

La Rédac'

Catherine Deneuve n'a pas peur de nager à contre-courant. Après des mois de rébellion médiatique contre le harcèlement et les agressions sexuelles, notamment incarnés par les hashtags "Me Too" et "Balance ton porc", voilà que l'emblématique actrice française s'est érigée contre le consensus avec une tribune dans Le Monde titrée "Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle". Un pavé dans la marre qui n'a pas manqué de susciter la polémique nationale, et internationale. Et vous, vous en pensez quoi ?


Dans une tribune parue dans Le Monde le 9 janvier, un collectif de 100 femmes, dont Catherine Deneuve, Catherine Millet et Ingrid Caven, défendent le "droit d'importuner", regrettant le retour à un certain "puritanisme" et « une campagne de délation et de mises en accusation publiques d’individus qui, sans qu’on leur laisse la possibilité ni de répondre ni de se défendre, ont été mis exactement sur le même plan que des agresseurs sexuels ». 

« Vu de l’étranger "Seule la France pouvait s’attaquer à #MeToo" » titre Courrier International qui reprend les propos du quotidien conservateur allemand Die Welt : « C’est un cri de colère dénonçant "un climat totalitaire" en matière de sexualité qui ne pouvait probablement venir que de France, le berceau du libertinage. Si on voulait le résumer à un slogan, celui-ci serait probablement : "Sans moi" ». Une audace qui, sur nos terres comme ailleurs, a fait naître une polémique qui ne désenfle pas.

A peu près tout (et son contraire) a été dit sur la tribune, et certaines de ses signataires les plus subversives à l'image de Catherine Millet continuent de nourir le malaise. Benjamin Biolay (dont Catherine Deneuve était l'ex-belle mère) plaide pour la clémence en évoquant "une connerie" dans un post Instagram : « Signer une pétition confuse, imbécile, à mille lieux des réalités et surtout, rédigée avec les pieds! parmi 100 personnes, lorsque l on est la seule Star est évidemment une connerie ( et on En fait tous plein non?) mais certainement pas un motif de lynchage ( Comme Le serait un crime). Arrêtons de détruire nos icônes et ceux et celles qui nous rendent fiers d'être francais ». D'autres évoquent au contraire "un contre-courant au mouvement #MeToo" et alertent sur les dérives puritaines de ce dernier.

Aujourd'hui dans Libé, on pouvait lire cette réponse de Leila Slimani qui réclame "le droit de ne pas être importunée" : « Marcher dans la rue. Prendre le métro le soir. Mettre une minijupe, un décolleté et de hauts talons. Danser seule au milieu de la piste. Me maquiller comme un camion volé. Prendre un taxi en étant un peu ivre. M’allonger dans l’herbe à moitié dénudée. Faire du stop. Monter dans un Noctambus. Voyager seule. Boire seule un verre en terrasse. Courir sur un chemin désert. Attendre sur un banc. Draguer un homme, changer d’avis et passer mon chemin. Me fondre dans la foule du RER. Travailler la nuit. Allaiter mon enfant en public. Réclamer une augmentation. Dans ces moments de la vie, quotidiens et banals, je réclame le droit de ne pas être importunée. Le droit de ne même pas y penser. Je revendique ma liberté à ce qu’on ne commente pas mon attitude, mes vêtements, ma démarche, la forme de mes fesses, la taille de mes seins. Je revendique mon droit à la tranquillité, à la solitude, le droit de m’avancer sans avoir peur. Je ne veux pas seulement d’une liberté intérieure. Je veux la liberté de vivre dehors, à l’air libre, dans un monde qui est aussi un peu à moi » plaide la journaliste et écrivaine franco-marocaine - qui a notamment reçu le prix Goncourt 2016 pour son deuxième roman, Chanson douce - dès le début de son propos, à lire en entier sur Libération

Au milieu de tout ce tapage médiatique émerge une réelle réflexion sur les droits des femmes et des hommes, la dissociation entre le droit à la sécurité et au respect des femmes, et la vision accusatrice et rétrograde de la virilité des hommes. C'est pourquoi on a voulu vous arrêter quelques minutes, pour prendre le temps de la réflexion et connaître votre opinion sur la question. 

*fous