Ériger un « Nouveau Louvre ». C’est le nom de l’un des chantiers matériels et pédagogiques les plus importants des cinq années à venir, minutieusement détaillé par Emmanuel Macron au cours d'un discours organisé au sein du musée le plus fréquenté du monde ce mardi 28 janvier. Création de salles, nouvelle entrée, tarifs revus à la hausse : à l’horizon 2031, c’est une « renaissance » que connaîtra l’un des joyaux du patrimoine français. Voici les différentes annonces faites par le chef de l’État.
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700 à 800 millions d’euros de chantier
Laurence des Cars, la présidente du Louvre, ne s’attendait sûrement pas à une réaction aussi immédiate. Le 22 janvier dernier, Le Parisien dévoilait le contenu de sa lettre au ministère de la Culture : sans langue de bois, celle-ci dénonçait point par point l’état de vétusté atteint par les bâtiments du musée, causé notamment par une fréquentation excédant la capacité du site. Elle enjoignait sans délai le gouvernement à rassembler un budget pour entreprendre des travaux, sans lesquels le palais et ses œuvres deviendraient rapidement et durablement endommagés.
Moins d’une semaine plus tard, le président de la République se trouvait symboliquement posté devant l’œuvre la plus célèbre des collections, l’énigmatique Portrait de Monna Lisa de Leonard de Vinci, pour dérouler son plan d’action. En commençant par le chiffrer : selon son entourage, il faudra investir entre 700 et 800 millions d'euros sur une dizaine d’années pour réparer les dommages. À titre de comparaison, c’est le même prix que le « chantier du siècle » ayant remis Notre-Dame sur pied après l’incendie de 2019.
Infiltrations d'eau, problèmes de température pour la conservation des œuvres : le Louvre est en danger. La sonnette d'alarme sur la vétusté de l'établissement et les conditions d'accueil des 9 millions de visiteurs annuels est tirée.
— M6 Info (@m6info) January 24, 2025
🎥 @SirineZeghlache et @gaelgiordana pic.twitter.com/4nVQMLKh1O
Un Louvre à la hauteur de sa fréquentation
Mais alors, quels travaux d’ampleur cette somme exorbitante permettra-t-elle d’entreprendre ? D’abord, Emmanuel Macron souhaite bâtir d'ici 2031 une nouvelle entrée du musée au niveau de la colonnade de Perrault, de quoi soulager l'unique entrée du public située sous la pyramide, « structurellement dépassée » selon les dires de Laurence des Cars.
Dans sa lettre, la présidente du Louvre soulevait un autre problème : la localisation de La Joconde. « Élevée au statut d'icône, Monna Lisa exerce une fascination qui ne s'est pas démentie au fil des décennies. Conséquence de cette ferveur populaire, le public afflue en nombre dans la salle des États sans que lui soient données les clefs de compréhension de l'œuvre et de l'artiste, interrogeant par là même la mission de service public du musée », assénait-elle.
Des inquiétudes légitimes, et entendues par le gouvernement : La Joconde devrait déménager pour se loger dans une salle aménagée spécialement en son honneur, « accessible de manière autonome par rapport au reste du musée et dotée pour cette raison d'un titre d'accès propre » sous la Cour carrée. Davantage de superficie et de curation devraient permettre d’accueillir plus dignement les visiteur·ses étranger·es, qui représentent 80% du public du Louvre.
🖼️ La Joconde sera déplacée dans un nouvel "espace particulier" du Louvre, "accessible de manière autonome" avec "un titre d'accès propre", a annoncé Emmanuel Macron en présentant son plan pour répondre à la vétusté et à la fréquentation du musée le plus visité du monde #AFP pic.twitter.com/9YkAvGR6E5
— Agence France-Presse (@afpfr) January 28, 2025
Les touristes hors UE pénalisés
Ces mêmes visiteur·ses financeront d’ailleurs malgré eux les travaux de la nouvelle entrée, couverts par les « ressources propres du musée », dont sa billetterie. En effet, comme l’a précisé Emmanuel Macron, le prix d’entrée sera « plus élevé pour les visiteurs étrangers non-membres de l’UE » à partir de 2026. Il n’a toutefois pas révélé le montant de l’augmentation tarifaire, actuellement fixée à 22€ la journée.
Musée du Louvre: Emmanuel Macron annonce "une tarification différenciée, plus élevée pour les visiteurs étrangers venus de pays non membres de l'UE" pic.twitter.com/TJdAqkVdz2
— BFMTV (@BFMTV) January 28, 2025
La folie des grandeurs
Un grand paradoxe ressort toutefois de cette allocution. La lettre qui a mis le feu aux poudres dénonçait avant tout la surpopulation du Louvre, et bien qu’Emmanuel Macron ait pris des mesures pour déconcentrer ses espaces, il a aussi émis le souhait d’augmenter le nombre de visiteur·ses pour atteindre 12 millions d'entrées par an – contre 9 millions aujourd'hui –, et insisté sur le doublement du nombres de visiteurs scolaires, voulant le faire passer de 400 000 à 900 000 par an. Le Louvre « sursollicité » décrit par Laurence des Cars disparaîtra-t-il vraiment en 2031 avec cette version 2.0 ?
‘We won’t come again’: dazed visitors fed up with #overcrowded #Louvre. Paris attraction in need of overhaul amid complaints of leaks, long waits, lack of signage – and too many people. https://t.co/OjNdYpgr0k cc.@elbarroquista pic.twitter.com/L2pwRru8NK
— MIX (@mixdevil66) January 28, 2025