La créatrice de #balancetonporc condamnée pour diffamation

undefined 25 septembre 2019 undefined 17h22

Agathe Rey

Après avoir créé un mouvement féminin contre le harcèlement avec le hashtag #balancetonporc, Sandra Muller a finalement été condamnée pour avoir diffamé l’homme qu’elle avait accusé de harcèlement.

Deux ans après l’explosion du hashtag #balancetonporc avec de très très nombreux partages sur les réseaux sociaux, sa créatrice a été condamnée à 15 000€ de dommages et intérêts par la 17e chambre civile du tribunal de Paris. Le motif ? Diffamation envers l’homme qu’elle accusait de harcèlement.

En 2017, la journaliste s’indignait des (trop) nombreuses expériences de harcèlement sexuel dont étaient victimes beaucoup trop de femmes. La plupart d'entre elles n'osaient pas en parler. Elle a donc créé le hashtag #balancetonporc sur Twitter, afin d’encourager toutes les victimes à partager leurs expériences, et même, balancer quelques noms, à commencer par sa propre histoire.

Le hashtag devenu viral, la parole des femmes s’était complètement libérée, et ce dans le monde entier avec l’équivalent en anglais #metoo. Une excellente chose afin de forcer la prise de conscience générale à propos du fléau qu’est le harcèlement sexuel quotidien ou normalisé. Seulement, lors de son tweet dénonciateur, Sandra Muller avait accusé publiquement Eric Brion, ex-directeur général de la chaîne Équidia de harcèlement sexuel.

Suite à ce tweet, partagé plus de 2 500 fois, le consultant a porté plainte et a dénoncé une forme de « délation », tandis que Sandra Muller se défendait en évoquant la libération de la parole des femmes.

Cependant, Eric Brion n’a pas démenti les propos, avouant avoir eu une attitude et des mots déplacés lors d’une soirée à Cannes en 2012. Il affirme s’être excusé le lendemain par texto et refuse catégoriquement l’étiquette de harceleur sexuel. Les avocats d’Eric Brion ont expliqué au Monde que « oui, #balancetonporc est un phénomène superbe, mais à côté de ça, il y a eu de la calomnie, de la rumeur. »

Suite à l'annonce de la condamnation, les avocats de Sandra Muller ont jugé que cette décision revient à « bâilloner » la parole qui s’était libérée grâce à #balancetonporc.