Un contrôle qui s’éternise, des voix qui montent, un geste de trop. Dans ces moments-là, un simple bouton pourrait désormais tout changer. Accrochée à l’uniforme des contrôleurs, la « caméra-piéton » entre officiellement en service dans les transports en commun parisiens. Son rôle est clair : dissuader les comportements agressifs et garder une trace en cas de dérapage.
Le décret autorisant leur utilisation a été publié le jeudi 18 décembre au Journal officiel. Dès ce vendredi, les contrôleurs peuvent activer ces caméras lors d’interventions jugées sensibles, à condition d’en avertir clairement les usagers.
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Un feu vert très attendu
Si la mesure n’est pas totalement nouvelle, son application, elle, se faisait attendre. L’équipement des contrôleurs faisait partie de la loi sur le renforcement de la sécurité dans les transports, adoptée en avril 2025 après de longs mois de discussions. Il manquait encore l’aval de la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés) pour encadrer l’usage et la conservation des images.
C’est désormais réglé. Résultat : plus de 11 000 agents de contrôle sont concernés à l’échelle nationale, selon le ministère des Transports. Le dispositif a été officiellement lancé à Paris, Gare de Lyon, en présence du ministre Philippe Tabarot et du président de la SNCF, Jean Castex.
Déploiement express à la RATP, progressif à la SNCF
À la RATP, pas de temps mort. Les contrôles filmés démarrent dès ce vendredi sur le réseau. « On avait anticipé, tout était prêt », indique la Régie, qui rappelle que près de 1 000 agents étaient volontaires pour être équipés.
Du côté de la SNCF, le déploiement se fera progressivement, en priorité sur les lignes les plus fréquentées, notamment en Île-de-France, où se concentre l’essentiel du trafic. Les caméras seront déclenchées uniquement en cas de tension, d’agressivité ou de menace.
Les contrôleurs RATP en civil me fument, t’es dans le bus normal, d’un coup t’entends *SCRATCH* tu t’retourne y’a 3guignols en brassard qui crient «RATP sûreté! Sortez vos titres de transport!», des entrées dignes du FBI juste pr contrôler des mecs en survet Juventus sans ticket
— Ekips🐍 (@A2Skywalker) February 12, 2020
Caméras-piétons : apaiser plutôt que sanctionner
Sur le terrain, les premiers retours semblent plutôt positifs. Plusieurs contrôleurs du réseau RATP, qui ont participé aux tests menés avant et pendant les Jeux olympiques, observent que le simple fait d’annoncer l’activation de la caméra suffit souvent à faire retomber la tension. D’après eux, les échanges se calment presque immédiatement.
Les images sont, en outre, conservées 30 jours maximum avant d’être détruites, sauf en cas de procédure judiciaire. Un cadre censé rassurer une partie des usagers, même si des interrogations persistent. Certains voyageurs estiment ainsi que le dispositif devrait aussi permettre de documenter d’éventuels abus de la part des contrôleurs, souvent largement pointés du doigt sur les réseaux sociaux, relançant un vieux débat : celui sur l’équilibre entre sécurité et surveillance.
