Carrefour crée des congés spéciaux en cas d’endométriose, fausse couche ou PMA

undefined 19 avril 2023 undefined 12h13

Flora Gendrault

Nous ne sommes pas en train de rattraper nos voisins espagnols en systématisant le congé menstruel, mais la tendance lancée par Carrefour pourrait tout de même bousculer les entreprises françaises en matière de droits des femmes au travail : le groupe a décidé d'accorder des congés spéciaux en cas d’endométriose, fausse couche ou PMA. Une information rendue publique par Le Parisien hier, en début de soirée. 


Endométriose : douze jours d’absence par an 

Établir dans son entreprise une « réelle égalité entre les femmes et les hommes », voilà la volonté politique affichée par le PDG du groupe Carrefour, Alexandre Bompard. La mesure est inédite en France : l’enseigne accordera 12 jours d’absence par an, soit un par mois, aux femmes atteintes d’endométriose, maladie chronique présente chez 1 femme sur 10 provoquant, entre autres, des douleurs pelviennes et des risques d'infertilité. 

Le dispositif sera effectif dès cet été. Pour accéder à ce congé spécial, il faudra disposer d’un document attestant d’une situation de handicap reconnue par l’entreprise (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé ; carte d’inclusion ; attestation d’invalidité délivrée par la Caisse primaire d’assurance maladie).


Un congé accordé en cas de fausse couche et de PMA

Autre mesure phare du dispositif : proposer 3 jours d'arrêt aux femmes victimes de fausse couche, alors même que ce phénomène concerne 15% des grossesses selon des chiffres trop méconnus, presque tabous, de l’Assurance Maladie. 

Les femmes en cours de procréation médicalement assistée (PMA) pourront également bénéficier d’une journée d'arrêt postérieure à leur implantation d’embyon. Afin de préserver leur vie privée, le motif de leur arrêt ne sera pas inscrit sur les fiches de l’entreprise. 


Pour l'instant, pas de congé menstruel chez Carrefour, ni ailleurs 

Le congé menstruel, lui, n’est pas envisagé par Alexandre Bompard. En France, des députés préparent des propositions de loi pour tenter de changer la législation française concernant ce congé controversé, alors même que l’Espagne vient d’adopter ce type de congé le 16 février 2023, une première en Europe. À l’international, ce congé existe déjà au Japon, en Zambie ou encore à Taïwan

Les PME françaises peuvent mettre en place ce type de dispositif, mais sans cadre légal, ce qui leur coûte plus cher, puisque pour l’heure, c’est l’entreprise elle-même qui finance les arrêts. 

L’initiative de Carrefour reste un progrès notable pour la santé des femmes et l’égalité entre les genres au travail : espérons qu’elle inspire ses homologues de la grande distribution, et à une échelle plus globale, une majorité d’entreprises françaises.