« C’est un fou, il a tiré » : le passager arrière de Nahel livre sa version des faits

undefined 4 juillet 2023 undefined 12h41

Lucie Guerra

« Je me suis retrouvé par terre. J’ai dit que je n’avais rien fait, et il m’a dit : "ferme ta gueule". Et il m’a menotté. » Ce lundi 3 juillet, le passager arrière de la voiture conduite par Nahel, 17 ans et tué par un policier le 27 juin dernier, sort du silence. Dans un texte transmis en exclusivité au Parisien, Adam* raconte en détails l’enchaînement des événements. 

 

Un témoignage macabre

Alors qu’il s’apprête à se rendre au collège, le jeune adolescent de 14 ans croise une Mercedes Classe A jaune conduite par son ami Nahel. À l’avant, Fouad*, qui a apporté un témoignage similaire à celui d’Adam au Parisien, le 30 juin dernier. Le jeune garçon s’installe à l’arrière du véhicule. Alors qu'ils sont lancés sur la route, deux policiers à moto leur ordonnent de s’arrêter. « Nahel n’a pas voulu », confie Georges*, le père d’Adam, au Parisien. Pris dans les embouteillages, Adam raconte que « les policiers (...) ont pointé leurs armes sur Nahel », que ce dernier aurait essayé de « se protéger la tête » et aurait reçu « environ trois » coups.  

D’après Adam, l’un des deux policiers aurait affirmé « qu’il allait lui mettre une [balle] dans la tête ». Pour expliquer la suite des événements tragiques, Adam déclare que Nahel aurait « lâché le frein sûrement par panique, en essayant de se protéger. La voiture a avancé toute seule. C’était une automatique. Et le policier a dit à son collègue de tirer. Et le coup est parti. »

 

« J’ai levé les mains pour qu’il ne me tire pas dessus »

Au premier abord, Adam ne pensait pas que son ami avait été touché par le tir : « Nahel, après avoir reçu la balle, il a dit : C’est un fou, il a tiré », témoigne le jeune adolescent dans son écrit. Le véhicule aurait alors « accéléré d’un coup » avant de s’enfoncer dans du mobilier urbain de la place Nelson-Mandela.

Dans la Mercedes, Nahel ne donne plus signe de vie. « Il n’y avait pas de sang, mais il était penché sur le côté », confirme Adam. L’adolescent sort du véhicule et affirme : « J’ai levé les mains pour que [le policier] ne me tire pas dessus. » Il se retrouve au sol, menotté, avant d’être emmené dans une voiture de police. À ce moment-là, Adam aurait entendu un policier dire à son collègue qu’il « n’aurait pas dû tirer, parce qu’ils allaient faire un barrage plus loin », avant d’ajouter que « Nahel était mort ».

 

Un appel à la justice 

« C’est un gamin. (...) À chaque fois il dit que ça va, mais je connais mon fils, je sais qu’il souffre. Il a des absences », explique Georges. Sorti de garde à vue depuis une semaine, Adam reste plongé dans un profond traumatisme. 

Alors qu’une cagnotte de soutien pour la famille du jeune défunt a été lancée, ses proches espèrent une condamnation pour le policier qui a « abattu Nahel comme un lapin », déclare Georges.


*Le prénom a été modifié par le Parisien