Cela fait plus de trente ans que Jean Paul Gaultier nous fait rêver avec ses créations originales, d’une impertinence rare et d’une beauté à couper le souffle. Le Grand Palais lui rend hommage en accueillant la première exposition jamais consacrée à l’illustre couturier. Le Bonbon a eu l’occasion d’y aller et en est ressorti subjugué !
C’est en 1976 que Jean Paul Gaultier présente sa première collection de prêt-à-porter au Palais de la Découverte à Paris. Presque 40 ans plus tard, c’est avec coïncidence que les créations du célèbre créateur sont exposées à seulement quelques mètres au Grand Palais. Cette superbe exposition rassemble de façon inédite 175 tenues de haute couture, de prêt-à-porter ainsi que des costumes de scène créés entre 1976 et 2015.
"Je voulais que cette expo montre la vie", confie le couturier. "C’était comme faire une nouvelle collection". Des emblématiques corsets aux seins coniques, en passant par les jeux de trompe-l’œil et l’illustre marinière, Gaultier y aborde tous les thèmes qui lui sont chers. Loin d’être une simple rétrospective, cette exposition est une véritable création et offre la possibilité d’admirer des vêtements de haute couture jusque dans leurs moindres détails.
On découvre une impressionnante collection d’habits mélangeant diverses influences et matières. Ce sont des boléros de toréros, des kimonos de geishas ou encore des masques africains combinés avec du cuir, du vinyle, des plumes ou des paillettes. Il y a aussi une reconstitution des backstages de défilé, des photos personnelles de son enfance et bien sûr son icône, l’ours nana qui fut la première "personne" à porter les prothèses en cône avant Madonna. Les mannequins aux visages animés par des captations vidéo côtoient les représentations de muses, actrices et chanteuses comme Catherine Deneuve, Arielle Dombasle ou encore Dita Von Teese.
Au plus grand défilé que Gaultier n’ait jamais organisé, on découvre des créations où transparaissent toujours une pointe d’humour, une certaine folie et qui véhiculent surtout un message très fort allant bien au-delà de la haute couture.
L’enfant terrible de la mode observe son temps et dénonce dans ses défilés les injustices de la société, les tabous et donne sa place à toutes sortes de physiques en dehors des stéréotypes de beauté. "Il y a cette image de "sois-belle et tais-toi", mais je voulais montrer que la femme était forte et qu’elle avait des idées", raconte Gaultier, ajoutant qu’il a "toujours été attiré par les gens différents physiquement".
Le créateur s’inspire des différences, mais également d’art. "Le fait d’être touché par une œuvre me donne envie d’en faire une création", dit-il en précisant que : "Nous sommes des voleurs, c’est pour ça que nous ne sommes pas des artistes".
Mais lorsque l’on ressort de cette exposition, on ne peut s’empêcher de penser que seul un artiste serait pourtant capable de telles créations. Et de se dire qu’au-delà d’être l’un des couturiers les plus importants de cette dernière décennie, Gaultier est de ceux qui marqueront à coup sûr l’Histoire de la mode (si ce n’est pas déjà fait).
Exposition Jean Paul Gaultier
Grand Palais
3, avenue du Général Eisenhower – 8e
Crédit photos : DR