6 restaurants absolument mythiques à Paris

undefined 19 juin 2018 undefined 12h49

La Rédac'

Ils ont accueilli les plus grands artistes de leur siècle et ont vu défiler une partie de l'histoire du siècle dernier. Ils ont fait, refait et défait le monde, à leur mesure ou démesure. Ces lieux où la bourgeoisie s'encanaillait, où les artistes désargentés avaient fait leur nid douillet, sont devenus les emblèmes d'un Paris en partie révolu. En partie seulement, car il ne tient qu'à nous de faire revivre les mythes et d'inventer ceux de demain.  


Le plus emblématique

La Tour d'Argent

Si l'on ne devait en retenir qu'un, ce serait certainement lui. Le fabuleux restaurant de la Tour d'Argent, plus vieux restaurant de Paris (1592) niché au cœur du 5e arrondissement et offrant, après y être grimpé en ascenseur, une salle panoramique avec une vue à couper le souffle sur tout Paris. Sur les murs de l'entrée, on peut contempler les illustres clients qui y sont passés, parmi lesquels Henri III, Richelieu, Sacha Guitry, Alfred de Musset ou plus récemment John Kennedy et bon nombre de nos anciens présidents.

Véritable emblème de la tradition française, la Tour d'Argent prend soin de conserver ses codes, refoule les appels skype à table et les shorts à l'entrée. Ici, c'est tenue correcte exigée pour savourer une cuisine traditionnelle qui a pris un vrai coup de jeune avec l'arrivée du chef champenois Philippe Labbé. Les quenelles à l'oseille sont renversantes, et le caneton de chalan, rôti aux épices, craquers de canard, sanguette épicée, fumet de réglisse, l'un des plats phares de la maison, est à se damner.

Et encore, on ne vous a pas parlé de leur cave, qui rayonne sur plusieurs milliers de mètres carrés souterrains ! Un dédale de plus de 320 000 bouteilles où l'on se perd émerveillé, mais où peu d'élus ont la chance de pénétrer...

Le plus : pour ceux qui n'auraient pas les moyens, la maison propose également une épicerie fine où venir boire un thé ou une coupe, une boulangerie (avec les pains servis à la Tour !) et une brasserie typique parisienne où il est possible de croiser des reu-sta sans éclater son budget. Le tout avec des produits d'exception et un charme fou. On fond. 

La Tour d'Argent
15, quai de la Tournelle – 5e


Le plus intello

Le Procope

Au Procope, "seul l'esprit tenait lieu de carton d'invitation", disait Voltaire. S'y trouvant à son aise, il avait sa table de prédilection où il s'entretenait avec Benjamin Franklin. Les Américains affirment qu'une grande partie de leur Constitution fut pensée dans le vieux café. Comme lui, Diderot, Robespierre, Napoléon ou Victor Hugo s'y sont pressés et au fil des siècles, l’endroit est devenu un haut lieu artistique, intellectuel et politique de la capitale, fréquenté par les plus illustres personnages de notre histoire. 

Lieu incontournable de la vie littéraire et politique parisienne, l’établissement ferma à plusieurs reprises, pour toujours renaître de ses cendres. Aujourd’hui, on y trouve un cadre agréable et confortable, une cuisine simple mais de bonne qualité permettant aux esprits de mieux se révéler. Chaque jour l’endroit reçoit ses invités anonymes ou célèbres et chaque année, les Best Sellers de la littérature s'y retrouvent, ainsi que les média, personnalités du show bizz, peintres, journalistes et académiciens.

Le plus : Le Procope n'est pas un grand restaurant, c'est un bon restaurant, ce qui est encore plus rare !

Le Procope
13, rue de l’Ancienne-Comédie – 6e


Le plus Art déco

La Coupole

En 1927, deux Auvergnats, Ernest Fraux et René Lafon, font un pari fou : ouvrir le plus grand restaurant de Paris. 800 m2 au sol. Deux étages. Avec ses piliers recouverts de Lap, matière évoquant le marbre, ses mosaïques d’inspiration cubiste, ses boiseries en citronnier, ses lustres du maître verrier Jean Perzel, sa vaisselle de chez Haviland, la Coupole est un temple de l’Art déco inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. 

Fort de sa démesure et de sa beauté, le lieu connaît un succès immédiat. Dès son inauguration, tout le monde des arts, des lettres, de la nuit est là : des artistes et leurs modèles, des mondains et des flambeurs, des filles faciles et d’autres impossibles. Coude-à-coude souvent levé, les peintres Derain, Léger, Soutine, Man Ray, Brassai, Kisling, Picasso... Camus fête son Nobel à sa table attitrée – la 149 – et Jean-Paul Sartre laisse des pourboires royaux. En mai 68, Cohn-Bendit monte sur la table. Patti Smith joue de la guitare en terrasse, Renaud fait la manche ; le dimanche, Gainsbourg déjeune avec Birkin. « Les années voltigent comme des cartes », dit la maison. 

Le plus : Aujourd'hui perdure un peu de cette folle âme qui traversa le siècle dernier et on l'on goûte encore volontiers à ses plats emblématiques, comme le légendaire curry d'agneau à l'indienne (servi dans les Années folles par un Indien dans un somptueux costume ; un autre temps...), la raie à la grenobloise, le véritable steak au poivre ou encore les plateaux de fruits de mer...

La Coupole
102, boulevard de Montparnasse – 14e


Le plus accessible

Le Bouillon Chartier

En 1896, le Bouillon Chartier naît sur une idée simple : offrir un repas digne de ce nom, avec de bons produits, à un prix modeste. Cinquante millions de repas et seulement quatre propriétaires plus tard, la recette est toujours aussi bonne… Ici, bien plus d'anonymes que d'illustres personnages ont fait vibrer le lieu. Ce faisant, il a acquis davantage qu’une personnalité unique : une âme. L'immense et légendaire salle est classée, et l'on promène son regard partout, des fameux meubles à tiroirs où les habitués récupéraient leur serviette (sur le tableau du peintre Germont, qui créa cette œuvre en 1929 pour rembourser sa dette) au ballet incessant des serveurs en gilet noir et tablier blanc, à l'efficacité redoutable.

Dans les assiettes, du classique efficace : poireaux vinaigrette, œuf mayonnaise, potage aux légumes ou escargots en entrée ; viandes, poissons ou plats canailles bien mijotés pour la suite : la carte est vaste, les saveurs authentiques et chaque plat tourne autour de 10€.

Le plus : la fameuse coupe de crème Chantilly maison !

Le Bouillon Chartier
7, rue du Faubourg-Montmartre – 9e


Le plus romantique

Lapérouse

Le restaurant parfait pour dîner sur les pas de Sand, Zola ou encore Hugo. Lapérouse est ouvert depuis 1766, rien que ça ! Que ce soit dans la grande salle au parquet et mobilier anciens ou dans les petits salons "alcôves" privatisables, on admire les vestiges et les fastes du passé.

Et même si la véritable rencontre de Serge Gainsbourg et Jane Birkin n’eut pas lieu ici, Joann Sfar immortalisa l’instant ici pour son film Gainsbourg (Vie héroïque) dans l'ancien hôtel particulier du XVIIIe siècle, pour son décor somptueux et sulfureux collant au couple le plus glamour des années 70. À noter, ses antichambres servent également aux déjeuners d’affaires empreints de confidentialité...

Le plus : le lieu est d'un romantisme foudroyant !

Lapérouse
51, quai des Grands-Augustins – 6e


Le plus bucolique

La Closerie des lilas (1847) 

« Jadis simple guinguette aux tonnelles fleuries, la Closerie des Lilas est devenue le rendez-vous de la création cosmopolite. » Fin XIXe, relais de poste sur la route de Fontainebleau, La Closerie est le premier café à faire la réputation du quartier de Montparnasse. Située à côté du bal Bullier, le plus célèbre bal de l'époque où le Tout-Paris se pressait pour aller danser, La Closerie devient le lieu de ravitaillement d'avant ou après bal de la bourgeoisie encanaillée comme des artistes désargentés. On compte parmi ses fidèles Emile Zola et son ami Paul Cézanne, tandis qu'en 1922, une dispute entre Tristan Tzara et André Breton y marque la fin du mouvement Dada à Paris. Puis, à l'époque de la Prohibition, elle accueille la colonie américaine : Hemingway, Fitzerald, Miller...

Au long d'un siècle et demi, tous les plus grands artistes y reconstruisent le monde à la mesure de leur démesure. Modigliani, Paul Fort, André Breton, Aragon, Van Dongen, Picasso, Jean-Paul Sartre, André Gide, Paul Eluard, Oscar Wilde, Beckett, Man Ray, Ezra Pound et tant d'autres... Aujourd'hui, cette brasserie chic est un joyeux mélange d’élégance et de décontraction.

Le plus : sa superbe terrasse verdoyante et abritée des regards, et la spécialité de la maison : les fruits de mer !

La Closerie des Lilas
171, boulevard du Montparnasse – 6e