Ces fois où Paris n’était pas la capitale de la France

undefined 26 avril 2017 undefined 00h00

Matthieu

Inaugurée le 22 avril dernier, la nouvelle exposition accueillie par l’Hôtel de Ville de Paris, Le gouvernement des Parisiens. Paris, ses habitants, l’Etat, une histoire partagée, s’intéresse à la constitution de Paname en tant que ville et capitale. On a tendance à l'oublier, mais Paris n'a pas toujours été la capitale du pays. 


Déchirée entre son action locale et nationale, Paris cristallise les passions et critiques en raison de la centralisation exacerbée dont elle jouit désormais, au détriment du reste de la France. Paris et le désert français, écrivait Jean-François Gravier en 1947. Seulement Paris n’a pas toujours été la capitale du pays ! Il faudra attendre 508 pour que Clovis, Roi des Francs, décide d’en faire sa capitale. Inutile de préciser que la suite ne sera pas un long fleuve tranquille et que le positionnement géographique évoluera en fonction des dynasties, régimes et autres guerres. Petit retour non exhaustif sur ces villes françaises qui furent, jadis, capitales.


LYON (27 avant JC – 297)

Avant de devenir la capitale mondiale de la gastronomie, Lyon a été la capitale des Gaules. En 27 avant Jésus-Christ, lorsqu’elle s’impose comme siège du pouvoir des trois provinces gauloises grâce au général Agrippa, Lyon s’appelle Lugdunum, seule cité de droit romain. Alors certes, ni l’Empereur, ni les hauts fonctionnaires n’y résidaient, mais Lugdunum était tellement prospère qu’elle participa à hauteur de 4 millions de sesterces pour sauver Rome en 64 lorsque la ville fut ravagée par un incendie. Donc, en plus d’être la capitale des quenelles et du gratin d’andouillettes, Lyon a aussi sauvé Rome. La classe.


TOURS (1422 – 1528)

La Guerre de Cent Ans et la mort de Charles VI poussent la royauté à fuir Paris pour s’installer en Touraine. Charles VII, son fils donc, parvient finalement à reconquérir Paris en 1436 mais son descendant Henri III perd de nouveau la main sur Paname en 1588 suite à la Journée des Barricades. Puisque l’accueil avait bien plu à ses ancêtres royaux, le dernier roi de la dynastie des Valois fait de Tours, pour la deuxième fois, sa capitale. Ce dernier lance un grand mouvement puisqu’une partie des parlementaires parisiens, la reine Louise de Lorraine-Vaudémont (sa femme) et le conseil royal s’installent eux aussi sur les bords de la Loire et du Cher.


VERSAILLES (1722 – 1879)

A l’origine, Versailles n’est qu’un petit village où Louis XIII s’est fait construire un modeste pavillon de chasse. Mais son fils, Louis XIV, décèle le potentiel à fêtes de la maison de son paternel et y organise une fête légendaire, "la fête des plaisirs de l’île" qui durera cinq jours et cinq nuits, rien que cela ! Louis décide alors d’allier l’utile à l’agréable et s’installe à Versailles. Comme la noblesse de l’époque rechigne un peu à quitter Paris pour la banlieue - oui déjà -, il offre des lopins de terre pour motiver ses troupes. On connaît la suite : Versailles, temple de la démesure, devient le château le plus connu du monde. Bien que Philippe d’Orléans qui déteste Versailles rapatrie la capitale à Paris, Louis XV, Louis XVI et une partie de la Troisième République feront de Versailles le centre du pouvoir.


BORDEAUX ET VICHY
(1940 – 1944)

Quand l’envahisseur s’approche un peu trop près de Paris, le gouvernement français met les voiles pour Bordeaux. La première fois pendant la Première Guerre mondiale puis une deuxième fois en 1940 quand il devient évident que Paris va tomber entre les mains des Nazis. Lorsque la France est envahie par la Wehrmacht et que l’armistice est déclarée le 22 juin 1940 par Pétain, Paris reste la capitale officielle mais le gouvernement siège à Vichy. Cette ville d’Auvergne devient alors le symbole de la collaboration et non plus celle de sa célèbre pastille.