Pour réduire la consommation de viande, des chercheurs proposent une solution inattendue

undefined 3 novembre 2023 undefined 12h23

Flora Gendrault

Que feriez-vous si, lors de vos courses hebdomadaires, tenté·e malgré vous par l’achat de plats tout préparés, vous voyiez leur emballage totalement métamorphosé ? Fini l’emballage blanc et neutre, vous découvrez désormais une étiquette rouge plus alarmante, vous indiquant que vous contribuez au réchauffement de la planète ? Peut-être réfléchiriez-vous à deux fois. Peut être même seriez-vous dégoûté·e, et réduiriez-vous sans plus tarder la fréquence à laquelle vous consommez de la viande. Des chercheur·ses de l'Université de Durham en ont eu l’intuition, et ont mené l’enquête avec, comme modèle, les étiquettes sur les paquets de cigarettes. 


1 001 consommateurs avertis sur les risques liés à la viande

Parmentier surgelé, burger tout prêt, conserve de cassoulet… Voici le type de plat préparé à base de viande qui ont servi à l’expérimentation. Apposés dessus, plusieurs avertissements portant sur la pollution induite par la production de viande (« Warning : eating meat contributes to climate change »), les dangers que cela comporte pour la santé, et un dernier sur l’augmentation du risque pandémique lié à l’élevage intensif. Le Covid en a matrixé certains, c’est indéniable. Pour l’enquête, 1 001 consommateur·ices ont été mis face à ce type de plats, puis face à des plats végétariens et vegans.

© Université de Durham


7 à 10% de baisse de la consommation

Le résultat de l’étude est plutôt satisfaisant : elle révèle une baisse de la consommation des plats en question, allant de 7 à 10%. Ceci est dû à la combinaison de plusieurs facteurs : le soutien au message dispensé, la confiance dans le label apposé, et une réaction émotionnelle négative. L’avertissement coupe l’appétit aux sujets, mais a également un effet sur leurs réflexes d’achats futurs. 

Le message le plus efficace est celui sur le risque pandémique (10% d’abandon), puis celui sur l’impact sur la santé (8%), et enfin celui sur l’avenir de notre planète (7,4%). À croire que l’Humanité est plus réticente aux confinements qu’au réchauffement inexorable et fatal de la Terre. L’avertissement écologique a toutefois été considéré comme le plus crédible. La surexploitation et le bien-être animal n’ont toutefois pas été abordés ; ce sont pourtant des éléments fondamentaux à prendre en compte dans notre alimentaire beaucoup trop carnée. 

© Université de Durham


Des étiquettes bientôt systématisées et légalisées ? 

Il ne semble pas que les gouvernements aient prévu d’inscrire cette démarche préventive et dissuasive à leur agenda, ni au Royaume-Uni, ni en France. Pourtant, l’objectif est bien de faire baisser la consommation de viande des Français de 15% pour respecter la stratégie nationale bas carbone votée par le parlement, et ainsi mener le pays vers le zéro émission à la moitié du siècle. Pour ceci, pas sûr que les messages « Pour votre santé, évitez de manger gras, salé, sucré » suffisent.