Le parti présidentiel accusé de diffuser des fake news sur le bilan climatique de la France

undefined 13 septembre 2023 undefined 16h34

Flora Gendrault

Du greenwashing, on s’y attend de la part des marques de cosmétiques, moins venant du gouvernement. Définie par Le Larousse comme « l’utilisation fallacieuse d'arguments faisant état de bonnes pratiques écologiques dans des opérations de marketing ou de communication », cette pratique douteuse s’est pourtant bien retrouvée dans les filets de la Macronie. En témoigne ce tweet sur le compte de Renaissance partagé par une députée du parti, Olga Givernet. 


La France, émetteur "modèle" de CO2 ? 

Le graphique présente les « émissions en tonnes de CO2 par habitant en 2022 » de 18 pays membres du G20. Selon les données, introduites comme venant du think thank Embuer Climate, la France se hisserait confortablement à la 17e place, et ferait ainsi partie des pays les moins émetteurs. Nous, Français·es, serions même « à la pointe de la lutte contre le réchauffement climatique », incarnant « un modèle dans certains domaines d’avenir », écrit Givernet. Assez de malhonnêteté pour que les scientifiques s’allient et démontent de bout en bout l’interprétation de la députée. 


Chiffres exacts, interprétation erronée 

« Graphe à effet de fake », titre Libération : les scientifiques l’ont bien compris. Entre Pierre Friedlingstein, directeur de recherche au CNRS, Valérie Masson Delmotte, climatologue, ou encore Damien Salel, auteur du compte "Décrypte Énergie" sur X, les corrections fusent. Ils pointent notamment le fait que ce classement ressemble comme deux gouttes d’eau à celui publié le 5 septembre par Ember Climate. Différence majeure : ces chiffres font état de la part d’émission en CO2 par habitant en provenance des centrales électriques à charbon, et pas en général, comme le suggérait Renaissance. Le parti a donc falsifié le document en changeant son titre et sa légende. 

Le lendemain, le tweet est supprimé, et Olga Givernet s’excuse : elle a « publié hier un graphique sur les émissions françaises de CO2 qui manquait de précision et prêtait à confusion. » Jolie manière de désigner un mensonge délibéré publié sur un compte officiel du gouvernement. 


La planète se meurt, le G20 s’en fout 

Ce trucage intervient alors que le sommet du G20 tenu en Inde s’est achevé dimanche 10 septembre. Bilan aussi décevant que celui des quinquennats Macron : la décision finale des dirigeants n’est clairement pas à la hauteur de l’urgence. Elle n’appelle notamment pas à sortir des énergies fossiles, et encourage simplement à poursuivre les efforts pour réduire les émissions de 43% d’ici 2030 par rapport à 2019. Sans engagements supplémentaires. Le chemin vers la sauvegarde de la planète est encore long. Cap désormais sur la COP28 à Dubaï, du 30 novembre au 12 décembre, qui mettra l’accent sur la transition énergétique et la solidarité entre les pays du Nord et du Sud