Des Grands requins blancs dans la Manche ? Une hypothèse pour le moins absurde à première vue, mais qui pourrait devenir réalité dans un avenir relativement proche, selon des scientifiques. Une étude menée par l'organisme Ocearch, spécialisé dans la collecte de données océaniques, suggère que le célèbre prédateur marin pourrait migrer depuis les côtes méditerranéennes jusqu'à la Manche, en raison du réchauffement des océans.
Des requins géolocalisés
Les chercheurs d'Ocearch ont entrepris de suivre les Grands requins blancs en les équipant de puces GPS. Les données ainsi recueillies permettent de visualiser en temps réel, directement sur le site, leurs déplacements. Les résultats ont révélé que ces impressionnantes créatures marines, dont la taille moyenne atteint les 4,6 mètres de long, fréquentent désormais de plus en plus régulièrement les eaux du nord.
« Nous pensons que (les requins) devraient aller au-delà de Brest (Finistère) et passer du côté (du comté) de Cornouailles (en Grande-Bretagne) », assure au Times Chris Fischer, scientifique et fondateur de l'organisme.
Ces dernières années, cette espèce de requin a plus généralement été observée au large des côtes de la Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est des États-Unis. À titre de comparaison, avant les années 1970, il était pratiquement impossible de les apercevoir au nord de Boston, dans le Massachusetts. Une tendance qui devrait s’amplifier dans les années à venir.
Les phoques en route vers le nord
Le réchauffement climatique est l'une des principales causes qui incitent les Grands requins blancs à se déplacer vers le nord. Et pour cause. Les phoques, très appréciés par cette espèce, sont également poussés à migrer vers des latitudes plus élevées pour trouver de la nourriture. Les squales affamés suivent donc instinctivement cette migration, les poussant ainsi à explorer de nouveaux territoires. Des scientifiques d’Ocearch prévoient de se rendre en Grande-Bretagne l'été prochain pour étudier l’éventuelle présence de Grands requins blancs dans la Manche.
De son côté, Gregory Skomal, biologiste marin, reste prudent quant à la présence des Grands requins blancs au large des côtes britanniques. Il souligne qu'aucune observation n'a jamais été documentée au-delà du comté des Cornouailles, mais s'interroge sur les raisons de cette absence. Le scientifique explique « qu’ils devraient être là, mais qu'il n'y sont pas et que (les chercheurs) ne savent pas pourquoi ».