Manger moins de viande équivaudrait à retirer 8 millions de véhicules de la circulation

undefined 13 septembre 2023 undefined 11h43

Nicolas Cogoni

Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Université d'Oxford, au Royaume-Uni, affirme avoir établi une corrélation significative entre la consommation de viande et les émissions de gaz à effet de serre. D'après leurs conclusions, encourager les gros consommateurs de viande britanniques à réduire leur apport en produits carnés équivaudrait à « retirer 8 millions de voitures de la circulation », soit plus de 20% du parc automobile britannique(*). Une découverte qui vient mettre en lumière, une fois de plus, l'impératif de reconsidérer nos choix alimentaires pour contribuer à atténuer les effets du dérèglement climatique.


Un viandard émet 10,24 kg de gaz à effet de serre par jour

Les chercheurs, dirigés par le professeur Peter Scarborough de l'Université d'Oxford, ont qualifié cette étude de « calcul le plus fiable à ce jour de l'impact de notre alimentation sur notre planète ». Leur objectif était de déterminer la différence entre les régimes alimentaires riches et pauvres en viande en termes d'émissions de gaz à effet de serre. Pour y parvenir, l'équipe de recherche a interrogé plus de 55 000 Britanniques sur leur régime alimentaire, les classant en plusieurs catégories : les gros consommateurs de viande (100 g de viande par jour), les petits consommateurs de viande (moins de 50 g de viande par jour), les consommateurs de poisson, les végétariens et les végétaliens.

Les résultats sont sans appel. Selon l'étude, un gros consommateur de viande émet en moyenne 10,24 kg de gaz à effet de serre chaque jour. En comparaison, un petit consommateur produit près de la moitié de cette quantité, soit 5,37 kg par jour. Les régimes végétaliens sont encore plus écologiques, générant seulement 2,47 kg de gaz à effet de serre par jour.

Mais selon le professeur Scarborough, il n'est cependant pas nécessaire d'éliminer complètement la viande de son alimentation : « Nos résultats montrent que si tous les Britanniques qui mangent beaucoup de viande réduisaient la quantité de viande qu'ils consomment, cela ferait une grande différence », sans avoir à « éradiquer complètement la viande de son alimentation », a-t-il confié à BBC News.


Des recherches basées sur une analyse approfondie

Ce qui rend cette étude particulièrement significative, c'est qu'elle repose sur des « analyses du cycle de vie » (ACV) de 38 000 fermes et exploitations agricoles réparties dans 119 pays différents. Cette approche consiste à prendre en compte les divers modes de production agricole, de l'extensif à l'intensif, ainsi que l'origine géographique des aliments importés.

Mais l'analyse ne se limite pas aux émissions directes de gaz à effet de serre, telles que le méthane produit par les ruminants. Elle prend également en compte d'autres facteurs critiques pour l'environnement, comme l'exploitation des sols, la consommation excessive en eau, la pollution de l'eau et la perte de biodiversité due à l'expansion de l’agriculture.


L'urgence de repenser l'agriculture 

Repéré par Geo, cette étude coïncide avec un nouveau rapport du World Resources Institute qui alerte sur l'augmentation de la demande de terres pour l'agriculture, le bois et le logement à mesure que la population mondiale croît. Ce phénomène « pèse sur les terres nécessaires au stockage du carbone et à la création d'habitats pour la biodiversité ».

Selon les auteurs de ce rapport, il faudra non seulement réduire la consommation de viande, en particulier dans les pays riches qui en consomment le plus, mais aussi produire davantage d'aliments sur les sols déjà exploitées. Ils estiment que d'ici 2050, « des terres deux fois plus grandes que l'Inde seront converties pour l'agriculture » et « des terres de la taille des États-Unis seront nécessaires pour répondre à la demande croissante de bois ».

(*) selon les données de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), le Royaume-Uni comptait 36,5 millons de voiture particulières.