Les 5 questions les plus posées aux sexologues

undefined 19 mars 2018 undefined 17h01

Rachel Thomas

Pas facile de passer le cap et d'aller voir un sexologue pour se confier sur ses problèmes intimes. Alors on a fait le travail pour vous et on a fait appel à Claire Alquier, sexologue et thérapeute de couple à Paris, pour élucider le mystère des questions les plus abordées dans un cabinet de sexologue.

La question de la normalité

Claire Alquier : De manière générale, c’est la question de la norme qui se pose énormément. Comment moi je me vis dans mon intimité par rapport aux autres. Est ce que je suis normal(e) d’avoir envie ou pas envie ? Il existe chez mes patients un besoin de réassurance. "Je ne me sens pas connecté(e) avec mes envies." revient beaucoup, surtout chez les femmes entre 25-45 ans qui ne sont pas encore dans le lâcher-prise.

J'organise des ateliers collectifs, avec une asso qui s’appelle le cabinet de curiosité féminine. On est 2 à animer les ateliers et on aborde différentes thématiques. On travaille sur la déconstruction des croyances. Comment on se place par rapport à notre culture, à notre éducation, à la religion ? La liberté de parole est primordiale pour une vie sexuelle épanouie.

La perte du désir dans le couple. Comment y remédier ? 

Claire Alquier : Les questions de libido sont bien sûr beaucoup abordées. Les relations qui se sont un peu écornées. C’est au cas par cas, il n'y a pas de vérité à proprement parler, mais il existe tout un tas d’ingrédients qui peuvent favoriser le désir. Lors de mes consultations, j’aborde surtout le sujet de la déculpabilisation. La sexualité n’est jamais linéaire, en fonction des rencontres, de la vie familiale… tout vient nourrir ou alimenter le désir. Arrêtons de se culpabiliser, de vouloir être performant. 

Si les deux ont envie de changer et de retrouver leur sexualité il faut retrouver une intimité. Jouer sur l’érotisme et le fantasme, sur les sensations. Travailler sur la surprise. C'est tout ce côté là qu'on perd au fil du temps. Accordez-vous une soirée qui sort de l’ordinaire. Préparez un cadre avec des bougies… reconnectez avec les sensations tactiles, reconnectez les corps.

Pour les couples qui durent dans le temps, je leur conseille de travailler sur les mots : l’écriture érotique n'est pas une évidence pour tout le monde mais peut beaucoup aider. La littérature, la culture, qui nourrit l’envie d’être avec l'autre. Aller au théâtre, voir une expo érotique ou sur le plaisir peut être très efficace pour décentrer le problème sexuel et permettre de retrouver le désir.

Peut-on être épanouï sans rapports sexuels ? 

Claire Alquier : Si on prend l'exemple des / les couples qui viennent me voir en disant "on ne fait pas l’amour assez souvent". En comprenant comment un couple fonctionne, je me rends compte qu’ils n’ont pas forcément besoin de ça. Le problème viendra surtout de la discordance entre les deux personnes : quand un a envie et l'autre PAS. Si on est sur un rapport une fois tous les 6 mois, et que ça convient au deux, très bien ! Sinon, l’effort à fournir peut être difficile à tolérer. Si c’est une fois par semaine, et que ça ne convient pas, là on en parle. L'idée est donc d'être bien sur la même longueur d'ondes. 

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Comment surmonter l'infidélité ?  

Claire Alquier : C'est un vaste sujet. Ca peut être une fois dans une relation, toute une double vie, ou une infidélité chronique. Mais tout dépend du contrat qui a été établi entre les deux personnes du couple. La fidélité vient du sentiment amoureux, mais selon le contrat, c'est aussi l’exclusivité sexuelle. Certains restent ensemble malgré tout car il y a plein d’aspects qui les retiennent : les enfants, un mariage... 

Le problème, est que l’infidélité est souvent découverte. Là, il y a un double sentiment de trahison. Le mensonge est beaucoup plus dévastateur pour un couple. La question à se poser est donc : quelle est la priorité : rester ensemble malgré tout ? être honnête ? 

J'ai pas mal travaillé sur la sexualité gay masculine, notamment sur les relations aux multiples partenaires. Le contrat de base qu'ils se donnent souvent est celle de l'honnêteté, et de la liberté d'aller voir ailleurs. Une étude faisait le comparatif, entre gay et hetero, caché ou assumé ? Les couples non exclusifs resteraient ensemble plus longtemps, et serait plus de stabilité. Donc l'honnêteté semble encore une fois gagnante. 

 

Des trucs pour être meilleur au lit ? 

Claire Alquier : Je n'ai pas envie de donner des astuces : il faut d'abord déterminer où se trouve son plaisir. En étant curieux de soi-même, on sera mieux avec l’autre. La masturbation est nécessaire. La communication aussi. Même pour un coup d’un soir ! C’est pas la recette de la fellation en 3 points… (rires) Un conseil : s’ouvrir l'esprit.