Le breathwork : la technique de respiration qui te permet de changer d’état de conscience

undefined 21 juin 2019 undefined 22h29

Dora

Et si respirer d’une certaine façon pouvait nous faire accéder à des couches profondes de notre subconscient ? Et si de simples exercices de respiration pouvaient faire ressurgir des traumatismes du passé dans le but de s’en libérer ? En réalité, ce n’est pas un "et si", puisque la technique existe bel et bien et qu’il s’agit du breathwork, aussi appelé "respiration holotropique" ! Pour l’avoir expérimenté, je n’ai jamais vu autant de gens pleurer, rire, hurler et lâcher prise en ne prenant… que de l’air !


Si le yoga est très à la mode et a mis la lumière sur l’importance de la respiration, la respiration holotropique n’a, en France, pas encore connu un grand essor. Mais les gens sont prêts et ça ne saurait tarder… Car Susan Oubari, une Américaine, ancienne directrice artistique dans la mode, reconvertie en maître en Reiki et coach spirituel, a bien décidé de démocratiser cette pratique à Paris et de la rendre accessible au plus grand nombre en proposant plusieurs fois par semaine des cours "Breathe in Paris". Cette pratique de respiration par hyperventilationtrendy aux États-Unis, a cependant encore une image extrêmement "new age hippie" chez nous, en raison de son histoire.


Le breathwork, une technique née de l’interdiction du LSD

Pour être tout à fait honnête, j’ai moi-même découvert l’existence du breathwork en lisant un livre absolument génial que je recommande vivement à tout humain intitulé How to change your mind ("comment changer ton esprit") du journaliste Michael Pollan sur l’histoire des psychédéliques et sur ce que les sciences qui les étudient nous enseignent sur la conscience, la mort, la toxicomanie, la dépression et la transcendance. C’est dans ce livre que pour la première fois j’ai entendu parler de breathwork. Le livre présente cette technique de respiration comme l'une des seules façon d’accéder à un état proche de l’état de conscience auquel on peut accéder en prenant des psychotropes, mais sans rien avaler… à part de l’air !

Dans les années 60, le LSD a été interdit par le gouvernement américain. Quelques chercheurs bien embêtés par cette interdiction qui étudiaient les effets thérapeutiques du LSD ont commencé à se demander comment accéder à un état de conscience modifié sans substance.

N’allez pas croire que le LSD était utilisé uniquement pour la défonce ! Avant que celui-ci devienne trop populaire et fasse flipper le gouvernement américain, le LSD était très sérieusement étudié dans les sphères scientifiques pour son action contre la toxicomanie, l’alcoolisme, la dépression et les résultats des thérapies par LSD étaient très satisfaisants. C’est pour ça que lorsque l’interdiction est tombée et que les études ont dû s’arrêter, certains scientifiques ne se sont pas laissé abattre.

Stanislav Grof, père de la psychologie transpersonnelle, menait alors un programme de recherche psychédélique à l’Institut de recherche psychiatrique de Prague. Dans ce cadre, il s’est demandé comment induire le même type de guérison à travers des états modifiés de conscience sans substances et la réponse qu’il a trouvée, c’était d’apprendre à respirer ! Stanilas Grof a occidentalisé et modernisé le Pranayama, une pratique de respiration ancestrale indienne.

Avec ça, c’était sûr, il n’allait pas se faire emmerder ! Car jusqu’à preuve du contraire, il est impossible de rendre la respiration illégale.


À quoi ressemble une session de breathwork ?

Ça ressemble à quoi une session de breathwork ?
Et puis pourquoi j’irais me défoncer à... l’air ?

Principalement parce que le breathwork est une technique, aussi surprenante qu’elle est simplissime, d’exploration de soi ! Dans ce cours, j’ai découvert que la respiration avait la capacité d’aller chercher dans le fond de ton subconscient et de ramener en avant des émotions, des sensations, des images…

Je me rends donc au Centre Élément ou Susan donne un cours qui va durer deux heures. Cette femme est extrêmement énergétique, elle a ce truc que les Américains ont, ultra déterminée et solaire, même si on sent qu’elle a, quelque part, quelque chose de fragile en elle.

Elle me parle de son parcours dans la mode, de son burnout qui l’a amené à se poser les vraies questions sur son besoin de reconnaissance, sur son incapacité à savoir dire non, sur sa vie qui allait à 1000 à l’heure. Elle découvre le Reiki, une technique de soin énergétique japonaise, au détour d’une impasse, car sa fille souffre de stress chronique et de tocs. Susan, désespérée, ne sachant plus quoi faire pour aider son enfant, décide de s’en remettre à un praticien Reiki sans trop y croire. C’est la révélation, et peu à peu, grâce à cette technique, sa fille, mais surtout Susan, se libère de nombreux poids, abandonne les paillettes et la superficialité du monde de la mode et s’ouvre à la spiritualité. Susan décide alors de changer de cap et se forme au Reiki, avant de tomber sur le breathwork, une technique qu’elle découvre dans un cours à Los Angeles. Subjuguée par l’efficacité de la technique pour se libérer de ses émotions, c’est le coup de cœur. Elle se forme en breathwork avec Jon Paul Crimi puis décide d’importer cette pratique à Paris

Me voici donc assise sur un tapis. J’ai une couverture, un bandeau pour couvrir mes yeux et une feuille donnée par Susan, que je remplis immédiatement en inscrivant mes intentions pour cette séance. La première partie de la séance ressemble à un coaching de développement personnel de groupe où Susan nous prépare doucement, mais sûrement, au breathwork à travers des mantras et des exercices de méditation. Il est temps de passer au breathwork.

Susan nous explique le mouvement respiratoire qu’il faut faire en la regardant. Elle a une main sur la poitrine, l’autre sur le ventre. « Il faut respirer avec détermination », dit-elle. Inspirer et expirer exclusivement par la bouche.

  • Première étape : Inspirer jusqu’à avoir le ventre tendu.
  • Deuxième étape : Inspirer dans sa poitrine.
  • Troisième étape : Souffler l’air énergiquement par la bouche.

Et on recommence ! Il faut faire ça en boucle pendant presque 30 minutes, sans s’arrêter ! C’est parti, je m’allonge, j’ai la couverture sur moi et le bandeau sur mes yeux.

Susan lance le chronomètre ainsi qu'une playlist assez sportive qui nous pousse à ne pas lâcher l’exercice. La musique est très forte, ce qui nous permet de ne pas beaucoup entendre la respiration des autres.

L’exercice n’est pas facile du tout. Rapidement, j’ai envie d’arrêter. Mon mental panique, comme si c’était dangereux. J’ai des picotements dans les mains, je ne les sens plus bien, j’ai l’impression que mon corps s’évapore et j’en ai peur. Je suis un peu angoissée. Mais Susan, nous pousse ! « Allez, on continue ! On respire et on expire ! »

Je dépasse l’angoisse, et je commence à me sentir bien, très bien… je flotte. Respirer fortement comme ça, me fait du bien. Il y a quelque chose de très primitif là-dedans et je sens que ma respiration contacte des parties de moi enfouies. J’ai un fou rire qui sort de nulle part. Je ne sais vraiment pas pourquoi je rigole autant. Mais qu’est-ce que c’est drôle ! Mais qu’est-ce qui est drôle ? Je ne sais pas.

Les morceaux de musique défilent et j’entends les autres personnes autour de moi se mettre à sangloter. Certains pleurent et d’autres hurlent ! Hurlent fort ! Susan nous encourage ! « Allez-y, ici vous pouvez tout lâcher ». Alors j’en profite, et je hurle à la mort un cri de rage qui se cache continuellement en moi, mais que je ne peux généralement pas exprimer. Puis des larmes me montent aux yeux et je pleure quelques minutes, tout en continuant l’exercice respiratoire.

À la chasse aux émotions réprimées

Je ne peux pas expliquer toutes ces émotions, ni leurs origines, mais ce que je sais, c’est que cette technique respiratoire les ramène à la surface. C’est d’ailleurs ce qui a plu à Susan dans cette technique : son efficacité sans avoir besoin de forcément analyser l’origine de ses émotions. Les émotions et les énergies se cachent dans notre corps et le breathwork permet de les sortir. C’est comme si le souffle avait la capacité d’aller à la chasse aux émotions réprimées. À titre personnel, je n’ai pas eu de visions, mais d’autres ont des flashbacks, des révélations et découvrent l’origine de leurs traumatismes.

« La respiration peut faire bouger votre énergie et votre vie très vite. Cela se produit lorsque l'oxygène pénètre dans le sang par les poumons et se dirige vers l'hypothalamus. Cette glande libère des endorphines qui s'écoulent vers les autres glandes endocrines. Ils sont tous connectés. Et lorsque l'énergie est en mouvement, les émotions se déplacent librement, créant un chemin pour l'esprit. Lorsque l'esprit est présent, la guérison survient », explique Susan

Ce que je trouve intéressant dans cet exercice, c’est qu’on ne peut pas prévoir quelles émotions vont surgir, elles arrivent par surprise, et tout ce qu’on peut faire, c’est donc de les accueillir. Susan crée un espace bienveillant ou il est possible de tout relâcher sans appréhension ou honte.

D’un point de vue technique, lors du breathwork, en respirant avec une cadence soutenue, on expulse du dioxyde de carbone hors du corps, ce qui fait augmenter le pH sanguin et qui crée ce qu’on appelle une hyperventilation et qui se traduit par des symptômes comme les picotements que j’ai ressentis dans mes mains, ou des contractures. Symptômes qui disparaissent dans les minutes qui suivent l’arrêt de la respiration saccadée, donc pas de risques de rester bloqué, ma hantise.

Le chronomètre s’arrête. Ça fait déjà 30 minutes que je respire comme ça ! Déjà ! J’ai l’impression que ça n’a duré que 10 minutes. J’ai oublié le temps. Le quart d’heure suivant est consacré à la relaxation. Après avoir été secoué par ses émotions, on s’apaise. On se sent un peu comme un petit enfant qui a beaucoup sangloté ou qui a fait une crise de nerfs, et qui enfin se calme et revit. On se sent libéré. Le corps se relâche et le mental est au calme.

Un souffle de clarté

Le breathwork, aussi appelé souffle de clarté, ou souffle de transformation, est une expérience qui permet de se reconnecter à soi, c’est un outil de développement personnel. Je conseille à toute personne curieuse et dans l’exploration de soi-même d’essayer ! C’est une expérience suprenante à vivre et très personnelle.Soyez juste ouvert à vous prendre une vague d’énergies et d’émotions dans la tête !

Moi, je reviendrai car je me demande quelles émotions et quelles énergies se cachent encore dans les tiroirs de mon subconscient. Au final, le breathwork m'a un peu fait me sentir comme...un Kinder surprise.

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