Simon Berger signe Tosca, une sculpture fracassante installée face à l’Opéra Comique

undefined 3 octobre 2023 undefined 10h00

Flora Gendrault

Pionner dans l’art de la percussion sur verre, Simon Berger et les œuvres qu’il crée ne laissent jamais indifférent·e. Celui qui a exposé au Musée du Verre à Murano ou réalisé le portrait de Kamala Harris pour le Lincoln Museum à Washington va désormais se confronter au regard des passant·es de la place Boieldieu, attenante à l’Opéra Comique de Paris. De quoi sublimer l’espace autour de l’une des plus anciennes institutions théâtrales et musicales de France grâce à une sculpture féministe. 


Du verre et des coups de marteau

Sa technique, aussi simple soit-elle, plaît dans ce qu’elle a de brutal et inspire dans ce qu’elle illustre de l’espèce humaine. Elle consiste à donner de multiples coups de marteau, dirigés et maîtrisés, sur des surfaces en verre pour sculpter des formes et faire surgir des figures saisissantes. Reflet de notre fragilité enfouie, il est commun de vouloir laisser jaillir ses émotions et de détruire avec puissance une surface trop lisse, un bout de vie imparfait. 


Rendre hommage aux héroïnes de l’art lyrique 

Connaissez-vous Tosca, l'un des personnages féminins les plus célèbres et exigeants du répertoire de l'opéra italien ? Pour remettre sur le devant de la scène les héroïnes de l’art lyrique, véritables gardiennes de l’Opéra Comique, Simon Berger a choisi de représenter son visage sous le trait des fissures.

Il faut se rappeler que 120 années auparavant, sur ces mêmes pavés, dans ce même lieu, a eu lieu la première représentation française de cette œuvre de Giacomo Paccini, qui relate le destin tragique d’une célèbre cantatrice, Tosca, maîtresse d’un artiste peintre et victime de sa passion. 


Les femmes, « la lumière elle-même »

Interrogé sur ses portraits de femmes réalisés en brisures de verre, l’artiste déclare qu’elles ne sont pas « seulement lumineuses », mais « la lumière elle-même ». Il souhaite graver leurs traits au plus profond du verre, pour que le public puisse capturer « toutes les nuances de leurs émotions […], pour l’éternité ». 

L’exposition en plein air, fruit d’une collaboration entre Berger et la Mairie de Paris, est accessible à tous·tes et gratuite. L’artiste parvient à réinventer avec brio l’art urbain, du bout d’un marteau que l'on aimerait parfois saisir, nous aussi. 


Tosca
de Simon Berger 
Place Boieldieu – 2e 
Jusqu’au 28 octobre